Déchets et environnement : les mentalités évoluent...
Les Mexicains et les Coréens se soucient davantage de leur environnement que les habitants des Pays-Bas ; nombreux sont les Australiens et les Norvégiens qui pensent que leurs actes peuvent changer les choses... Ce sont là quelques-unes des conclusions d'une enquête effectuée par l'OCDE (Organisation de Coopération et Développement Economique) auprès de 10 000 personnes dans 10 pays (Australie, Canada, Corée, France, Italie, Mexique, Norvège, Pays-Bas, République tchèque et Suède). Une nouvelle publication fait ainsi le tour des politiques susceptibles d'encourager les populations à faire des choix environnementaux rationnels...
"Il nous faut changer de comportement si nous voulons nous orienter vers la voie d'un environnement durable", a déclaré pour l'occasion Angel Gurría, Secrétaire général de l'OCDE. "Grande entreprise ou simple particulier, nous devons tous jouer notre rôle. Cette enquête montre que des politiques publiques éclairées aideront les individus à choisir la bonne voie, la voie de l'écologie".
Dans de nombreux pays, les ménages produisent 75% des déchets municipaux (voir notre article). Bien que ces déchets soient de mieux en mieux gérés, l'incinération et le recyclage gagnant du terrain, on jette encore trop de déchets. Lorsque les déchets sont ramassés une fois par semaine, les ménages en produisent près de 20% de plus que si la collecte a lieu moins souvent. La plupart des ménages en Suède et aux Pays-Bas se débarrassent de leurs déchets dangereux (piles, batteries et médicaments) dans des conditions sûres, ce qui n'est pas le cas d'une majorité d'Australiens, de Mexicains et de Canadiens. En revanche, les Canadiens, les Australiens et les Suédois recyclent 2 fois plus de produits que les Tchèques et les Mexicains. Partout, les jeunes produisent 10% de plus de déchets que leurs parents, et les ménages de petite taille ont une production par tête deux fois plus importante que les ménages plus importants. Point intéressant : faire payer le ramassage des ordures en fonction du volume encourage à produire moins de déchets que la perception d'une redevance fondée sur le poids. Pour le recyclage, le système d'enlèvement porte à porte est plus efficace, mais aussi plus coûteux, que le système par apport volontaire.
A l'échelle de la planète, les ménages consomment environ 30% de toute l'énergie produite et émettent 20% de la quantité de CO2 rejeté. Or ces chiffres augmentent rapidement avec les achats d'appareils tels que les téléphones portables, les ordinateurs personnels, et les appareils de petite taille. Les ménages en Australie, en Norvège et au Canada possèdent en moyenne plus de 11 appareils, tandis que les Coréens, les Mexicains et les Tchèques en comptent moins de 8. Les Mexicains, suivis par les Néerlandais, les Français et les Italiens, sont plus enclins à éteindre les lumières, arrêter les appareils ménagers et baisser le chauffage pour économiser l'énergie. Près de 80% des ménages tchèques et italiens ont adopté des appareils sobres en énergie au cours des 10 dernières années ; ils sont 30% en Corée et 40% en Suède. Le comptage et la tarification de l'électricité encouragent à économiser, à acheter des appareils consommant moins d'énergie et à les éteindre après usage. Les ménages propriétaires de leur habitation sont enclins à investir pour économiser l'énergie, par exemple en isolant mieux leur logement. Ce n'est pas le cas des locataires. Encourager les bailleurs à prendre des mesures pour louer des logements plus écologiques serait possible mais pourrait coûter cher.
Les émissions de dioxyde de carbone imputables aux transports devraient doubler d'ici 2050 ; les transports personnels y sont pour beaucoup. Les Coréens préfèrent les transports en commun ; les Tchèques se répartissent également entre ceux qui se déplacent à pied, en voiture et en transports en commun. Plus de la moitié des habitants de tous les autres pays sondés optent pour la voiture. Le deuxième choix des Néerlandais est la bicyclette, tandis que les Canadiens, les Français, les Italiens, les Tchèques, les Suédois et les Norvégiens préfèrent alors marcher. Dans une majorité de pays, les personnes interrogées utiliseraient les transports en commun s'ils étaient plus rapides. Au Mexique, le critère de choix est la sécurité, en France, la commodité et, en Suède, la fiabilité. Les Mexicains et les Italiens sont plus nombreux à dire qu'ils se déplaceraient à bicyclette si les infrastructures le permettaient. Les solutions proposées doivent être commodes : moyen de transport en commun à moins de 15 minutes de chez soi ou de son travail, infrastructures meilleures pour rouler à bicyclette... Le coût est bien sûr un facteur déterminant. La plupart de ceux qui ne possèdent pas de voiture affirment choisir leur mode de déplacement en fonction du coût et non de l'environnement. Les conducteurs d'automobiles réduiraient de 8% leurs déplacements si le prix de l'essence augmentait de 20%.
Enfin, les ménages sont responsables de 20% environ de la consommation totale d'eau de la planète, ce qui est moins que l'industrie et que l'agriculture mais représente néanmoins un pourcentage important. Les Canadiens et les Mexicains consomment à peu près 2 fois plus d'eau par personne que les Français ou les Tchèques. L'utilisation d'appareils économes en eau varie également selon les pays, les Australiens étant 2 fois plus nombreux que les Coréens à posséder des lave-linge, douches et toilettes sobres en eau.