Déchets et CO2 : Abu Dhabi parie sur le durable
Une ville sans émissions de CO2 et sans déchets, où l’on ne se déplace qu’à pied, à vélo ou en tramway et où l’on ne consomme que des énergies renouvelables (EnR) : ce sont les objectifs que s'est fixé Abu Dhabi en lançant le projet de Masdar. Ce dernier prévoit la création d’un pôle industriel au service des technologies renouvelables, ce qui représente un enjeu de taille : permettre aux Emirats Arabes Unis de devenir le leader régional au Moyen-Orient des EnR. Pour relever le défi (la construction du site, les installations connexes pour l’approvisionnement énergétique, le dessalement d’eau de mer, le traitement des déchets, mais aussi la production de panneaux solaires et la construction de centrales solaires), les entreprises européennes sont en train de se positionner...
Ce projet ambitieux a été lancé en 2006 par l’émirat d’Abou Dhabi. Il a été conçu pour minimiser la dépense énergétique : construction des murs destinés à la protéger des vents chauds du désert, orientation des bâtiments, zones ombragées, espaces de verdure... Masdar (qui signifie en arabe "la source") prévoit d’accueillir 50 000 habitants et 1 500 entreprises en 2016. Une première phase de la ville (25%) est programmée pour 2012.
Les moyens de transports doux comme la marche à pied et le vélo seront privilégiés et, pour les plus longues distances, un système de transport automatisé est prévu : prévoyant des arrêts tous les 200 mètres, il permettra aux habitants de se passer de voitures. Le recyclage sera l'une des priorités de cette ville nouvelle, avec notamment pour objectif de réduire la consommation d’eau de mer dessalée de 80%, et de réutiliser des eaux usées pour irriguer des cultures destinées à l’alimentation et à la production de biocarburants. Quant à l’électricité, elle sera générée par des panneaux photovoltaïques, et l’air conditionné sera produit via l’énergie solaire.
Une usine de désalinisation fonctionnant également à l’énergie solaire abreuvera Masdar en eau, et les espaces paysagers de la cité seront arrosés par les eaux usées. La ville elle-même sera conçue pour minimiser la dépense énergétique : orientation des bâtiments, zones ombragées, espaces de verdure et forçage de la circulation d’air naturelle. Les conditionneurs d’air eux-mêmes fonctionneront directement à l’énergie solaire.
Masdar a pour ambition de devenir le premier producteur de panneaux solaires du Moyen-Orient. Une zone industrielle de 4 m², nouvellement créée, doit accueillir des sociétés innovantes dans un "cluster" dédié. Deux usines doivent voir le jour : la première à Erfurt (Allemagne), qui sera opérationnelle au dernier trimestre 2009, puis une seconde de taille plus importante à Abu Dhabi censée démarrer sa production au troisième trimestre 2010, et dont l’unité de fabrication a été confiée à la société US "Applied materials" basée en France. Ces deux usines auront ensemble une capacité de production de panneaux photovoltaïques à hauteur de 210 MW au démarrage du projet et de 1 000 MW à l’horizon 2014.
Parallèlement, Masdar développe pour son compte propre, un programme de centrales solaires dans l’ouest des Emirats Arabes Unis à Madinat Zayed : "SHAMS 1". La première phase, dont l’appel d’offres vient de se terminer, devrait développer une puissance de 100 MW pour un objectif de 500 MW à terme. Par ailleurs, un projet de génération d’énergie à l’hydrogène est également à l’étude Le procédé consiste, à partir de gaz naturel fractionné, d’obtenir de l’hydrogène et du dioxyde de carbone. Le démarrage du projet de centrale d’une puissance de 500 MW est programmé pour en 2011.
Enfin, des études de faisabilité menées en 2007, par Masdar, ont validé, sur un plan technique et économique, ce qui sera à terme le plus grand projet intégré d’enfouissement et de stockage du CO2. En 2013, les émissions de 3 installations industrielles majeures (une aluminerie, une aciérie et une centrale électrique), équivalentes à 5 millions de tonnes CO2 par an, seront transportées par gazoduc jusqu’à des puits de pétrole en activité. Le CO2 réinjecté permettra d’améliorer la production de champs vieillissants avant d’être enfoui définitivement dans les champs matures. Le but final étant de réduire à terme de 40% les émissions des Emirats Arabes Unis et d’augmenter la production d’hydrocarbures de 10%.