Déchets en IDF: les plans sont en constante évolution
Organisées par l'Ordif et le réseau idéal Connaissances, les 11èmes assises nationales de la prévention et gestion territoriale des déchets ont constitué un rendez vous d'importance dans le cadre duquel de très nombreux sujets ont été abordés, deux jours durant, via des ateliers qui ont "fait le plein"!
Parmi les sujets développés, celui de la gestion des déchets en Ile de France après les plans... Les trois plans de la région IDF pour la prévention et l'amélioration des techniques de recyclage ont été largement évoqués sous deux principaux angles : les critiques et le futur. Avant de voir en détail ce qui a été dit, il est important de rappeler les objectifs de ces plans. Tout d'abord, le plan régional d'élimination des déchets ménagers et assimilés (Predma) vise à réduire la production de déchets et à améliorer le recyclage ; il concerne, en particulier, les déchets des ménages, les encombrants, les déchets verts, les OMR (ordures ménagères résiduelles), ainsi que les déchets non dangereux et non inertes des entreprises, des administrations et les boues de l'assainissement collectif. Les objectifs pour 2019 sont de diminuer la production de déchets de 50kg/habitant, notamment en augmentant le compostage des déchets organiques et en incitant à l'achat des produits faiblement emballés.
Le recyclage doit être amélioré de 60%, le compostage et la méthanisation sont des méthodes de traitement envisagés pour les OMR, le nombre de centres d'incinération doit être stabilisé, les modes de transports alternatifs des déchets (rail, voie fluviale) doivent eux aussi, être développés et une meilleure connaissance des coûts de traitement doit imérativement être envisagée. Le plan Predma a longtemps été débattu lors de cet atelier qui s'est déroulé dansle cadre des assises, notamment à cause du fait que les déchets assimilés sont "un gros morceaux" à traiter dans la région. Par ailleurs, les acteurs ont déploré le fait que les objectifs de recyclage sont largement surestimés dans le Grenelle, ce qui fausse les statistiques.
Le plan régional de l'élimination des déchets dangereux (Predd) vise les déchets ayant besoin d'un traitement particulier. Il concerne les ménages (pots de peinture, piles, etc), les activités industrielles et artisanales produisant peu de déchets (huiles de garage, d'imprimerie, etc), les secteurs industriels lourds (solvants, bain de traitement de surface), les activités de traitement des eaux et des déchets qui produisent à leur tour des déchets dangereux et les BTP. Les objectifs à l'horizon de 2019 sont d'améliorer les taux de collecte (pour les porter à 65%), de transporter 15% des déchets par péniches ou par train, de favoriser un traitement de déchets en proximité avec leur lieu de production et d'améliorer leur valorisation.
Le Predas, le plan régional d'élimination des déchets d'activité de soins (les DASRI), concerne un type de déchets très particuliers. Tout d'abord, les quantités à traiter sont moindre que celles des OM, mais les DASRI sont chers à éliminer car, présentant des risques sanitaires élevés, ils ont besoin d'un traitement particulier. Les établissements de soins, les professionnels libéraux de la santé et les particuliers en auto-traitement sont principalement visés. Les objectifs à l'horizon de 2019 sont de collecter 50% de ces DASRI, d'assurer un meilleur tri dans les établissements de soin et d'encadrer l'évolution du parc des installations. En IDF, il existe deux incinérateurs de DASRI, mais des établissements de pré-traitement pourraient être mis en place pour à répondre à des demandes de traitement localisées. Cela réduirait le transport de ces déchets, ainsi que les répercussions environnementales et sanitaires liées.
Le point de débat qui a fait largement consensus lors de cette table ronde est le fait que les objectifs du Grenelle à atteindre ne soient pas en phase avec la réalité, ni harmonisés entre les différents acteurs (acteurs industriels, le CNIID, les autorités publiques). Résultat : les chiffres ne sont pas fiables, et beaucoup ont tenu à critiquer ce point. Seul l'ORDIF serait à même d'avoir des chiffres exacts. Le travail en cours sur les plans de prévention sont importants à signaler. En effet, l'objectif est de doter 80% des habitants de l'IDF d'opération de gestion des déchets d'ici 2019. En 2010, 50% de la population était couverte. Pour ce faire, la région devrait voir le doublement du nombre de ses déchèteries (300 contre 160 actuellement), mais aussi la mise en place prochaine d'un nouveau plan visant les déchets de chantier; le Predec. De nombreuses ressourceries et recycleries doivent aussi être installées (une trentaine). Les participants de cet atelier ont aussi insisté sur la nécessité d'améliorer la communication entre les différents interlocuteurs, de s'engager largement sur la prévention, et de suivre l'évolution des investissements.
L'objectif était aussi de parler des avancées obtenues grâce à la mise en place de ces plans. Le cas du SMITOM-LOMBRIC a largement été évoqué. Le syndicat mixte intercommunal de traitement des ordures ménagères (SMITOM) est un établissement public qui est chargé de réaliser puis d'exploiter l'ensemble des équipements de la filière de traitement ménagers du Centre Ouest Seine-et-Marnais. Il assure la compétence traitement des OM pour 67 communes (300 000 habitants) et la compétence pour 27 communes (120 000). D'ici la fin de l'année, le syndicat disposera d'un centre de tri optique, il veut créer une recyclerie en collaboration avec une association d'insertion, améliorer le traitement des D3E et la pratique du compost. Un incinérateur dédié au chauffage urbain de Melun sera par ailleurs mis en place au mois d'octobre. L'objectif du syndicat est d'investir au maximum pour améliorer le recyclage tout en maintenant un coût raisonnable de traitement pour les contribuables. Pari difficile qui a nécessité des suppressions d'emplois stratégiques. Le SMITOM-LOMBRIC mise beaucoup sur le retour sur investissements de nombreuses actions: la prévention dans les écoles, la vente de composteur individuel à demi-tarif ( entre 18 et 33 euros) et les nouvelles constructions à venir.
Le dernier point de tension est bien entendu celui des coûts. Le prix du traitement des déchets augmentent inexorablement ces dernières années. Cependant, le but des plans est aussi de veiller à la faisabilité économiques des investissements, en particulier pour les habitants. Un travail de communication doit être effectué sur la TGAP par exemple, encore mal compris par beaucoup. Les enjeux sont clairs mais les méthodes restent parfois floues. Les objectifs sont donc ambitieux, et tous les acteurs continuent à se concerter pour améliorer les plans. C'est vrai, ils sont perfectibles, mais des choses bougent. On assiste par exemple au développement d'outils de la valorisation de la matière organique, de projets, d'actions de prévention, etc. Si 2019 reste encore loin, il n'est pas question d'attendre les bras croisés pour continuer à améliorer les plans.
Pour un meilleur aperçu de ces Assises, voir également Le réemploi, ce n'est pas du n'importe quoi!