Déchets : des plastiques dont on se passerait bien
Cap sur Saint-Victor et du côté de Montluçon : là, deux tas de déchets plastiques, stockés puis laissés à l’abandon par la société dirigée par Pierre Valentin, Polival, laquelle a été liquidée en avril dernier.
Le site de tri Polival devait commencer à être exploité en grandeur réelle à la rentrée 2011. La mise en œuvre de ce projet avait été lancée en 2009 ; l’entreprise, Polival, avait été installée sur une friche industrielle laissée par une ancienne usine d’embouteillage : 4 hectares pour construire une plateforme de tri de 15 000 m2, dédiée entièrement au traitement des matières plastiques. Avec une capacité de 70 000 tonnes/an, il s'agissait d'un projet industriel de grande ampleur installé en Auvergne, au cœur de la France… Ce devait même être la « première entreprise de France » à recycler des plastiques en mélange, grâce à un procédé révolutionnaire et on a été nombreux à y croire.
Oui mais voilà ! Au lieu de cela, c’est la kata. Partiellement financée sur des fonds publics, elle a laissé derrière elle des tonnes de déchets. Dossier encombrant s’il en est, tout comme le tas de déchets "planté" au coeur de l'Allier.
Les sociétés identifiées, qui avaient fourni la marchandise en mélange et devant être recyclée, doivent désormais la récupérer ; une vingtaine de sociétés ont été mises en demeure en ce sens, par la préfecture de l’Allier. Elles se devaient d’avoir éliminé avant fin janvier, les déchets plastiques qu’elles avaient précédemment expédiés à Polival. A défaut, des poursuites seraient engagées. Ce n’est pas top, quand on a déjà livré (des plastiques qui venaient d'un peu partout en France) pour un traitement qui n’a pas eu lieu. Dure réalité que celle-ci…
Le repreneur, à savoir la société Team Tex dirigée par Jérôme Gourbé, n'a évidement pas voulu hériter des quelque 40.000 mètres cubes de déchets plastiques (entreposés dans les locaux et à l'extérieur de ceux-ci) que Polival n'a jamais réussi à traiter, d'autant que ces plastiques sont envendables : stockés en mélange et dans de mauvaises conditions, leur qualité a perdu de sa superbe... D'où l'organisation du retours aux envoyeurs (juridiquement producteurs de ces déchets et donc responsables de leur correcte élimination), orchestré par la préfecture de l'Allier.
Si certaines de ces sociétés ont vite réagi, d'autres, une petite vingtaine, ont pris un peu plus de temps, sans pour autant démontrer une quelconque mauvaise foi.
Bon ! Une fois avoir choisi de faire évacuer, reste à savoir où transférer… certains des tonnages ont été transportés à Saint-Hilaire-de-Court pour y être enfouis. Ce qui fait rire jaune, certaines assos locales qui ont manifesté leur désapprobation dans le cadre de la CLIS de l'installation de stockage de déchets non dangereux de Saint-Palais. Et pourquoi donc ? « Parce qu’à l'origine, ces déchets devaient être intégrés à une filière de recyclage. On devrait garder cette solution », estime le monde associatif qui ajoute que l'accueil de ces déchets va à l'encontre même du Plan départemental de prévention et de gestion des déchets non dangereux du Cher, lequel a nécessité 3 ans de travail. En d'autres termes, pas question de réceptionner des déchets originaires de Vendée ! Ce qui est jugé quelque peu « aberrant ! »
Le maire de Saint-Hilaire-de-Court, Jean-Claude Touzelet, est plus soft. Il a précisé qu'il n'y a aucune raison pour refuser ces déchets, puisqu'ils sont considérés comme étant devenus ultimes, d'autant que les DREAL Auvergne et Centre ont validé cette façon de les qualifier. Reste qu'il ne faudra pas que les tonnages dépassent les 40 000 tonnes annuelles autorisées...
Quant au syndicat de traitement des déchets de Vendée, Trivalis, qui avait confié l'essentiel de ses plastiques à Veolia, qui en avait transféré une belle partie à Polival (environ 75% de ce qui restait à traiter après la liquidation, soit un peu moins de 3 000 tonnes, "appartenait" juridiquement à Veolia, ndlr), il se félicite que l'opérateur ait joué le jeu et respecté ses engagements en assumant... Il n'en demeure pas moins que tout mis bout à bout, ça n'aura, une fois encore, une fois de plus, "presque rien coûté" à la collectivité...