La « machine » peinait à avancer depuis au moins trois ans ; 90 millions d’euros seront injectés pour huiler les rouages et collecter davantage… Les emballages ménagers, 5 millions de tonnes mis sur le marché français chaque année, pèsent peu, au regard des 350 millions de tonnes de déchets produits par an (sans les déchets agricoles), mais dans la mesure où ils sont visibles, et même politiquement visibles (il faut dire que cela fait 20 ans qu’ils sont mis sous les projecteurs), ils « parlent ». C’est si vrai qu’on n’a rien trouvé d’autre, alors qu’il en existe de toutes sortes, que deux déchets d’emballages, pour illustrer le programme des dernières Assises des Déchets qui se sont tenues à Nantes ces 23 et 24 septembre ... C’est dire ! Bon an mal an, on collecte environ 3 millions de tonnes de ces déchets d'emballages ménagers, soit 67% du total, indiquait Carlos de Los Llanos, directeur du département recyclage d’Eco-Emballages lors de ces Assises. C’est non négligeable, mais clairement insuffisant… quand on sait que l’éco-organisme reverserait chaque année aux collectivités, quelque 600 millions d’euros…
« Nous avons progressivement construit un approvisionnement pour l’industrie du recyclage, via le tri et la collecte des déchets d’emballages ; pour ce faire, les collectivités locales ont instauré la collecte sélective ». Trois millions de tonnes de déchets d’emballages, ce sont 2 millions de tonnes de GES évités, grâce à ce qui est recyclé (le taux de refus dans les centres de tri étant variable).
« Chaque année, 600 millions d’eurs sont reversés aux collectivités par Eco-Emballages, au titre des soutiens à la collecte sélective et à l’optimisation du tri », expliquait en substance, Carlos de Los Llanos, ce mercredi 23 septembre dans le cadre des Assises des Déchets qui se sont tenues à Nantes. « On ne reviendra pas sur le passé, mais il reste au moins deux questions d’importance à régler. Les collectes sélectives en ville rapportent deux fois moins qu’en zones rurales ou semi rurales : il sera important d’y remédier ; il s’agit là d’un enjeu majeur pour Eco-Emballages. De la même manière, que le cas des plastiques a un côté inachevé, d’où une expérimentation menée auprès d’un certain nombre de collectivités, laquelle débouche sur un plan de relance national qui consiste notamment à mettre en œuvre l’extension des consignes de tri » : fin 2016, 25% de la population pourra trier tous ses déchets d’emballages ménagers, y compris les plus petits… Tous seront acceptés dans le bac jaune.
110 collectivités ont été retenues dans le cadre de l’appel à candidatures lancé par Eco-Emballages en novembre dernier, soit 2/3 des candidates, pour améliorer la collecte dans les zones à moindre performance. Parmi les lauréates, on compte Paris, Nanterre, Saint-Denis, Lyon, Marseille, Bordeaux, Nice, Montpellier, Strasbourg, Nancy, Nîmes, Bastia, Ajaccio, Toulouse, Le Havre, Pau, Saint Etienne, Clermont Ferrand sans oublier de nombreuses villes dans les DOM COM.
Au total 239 projets ont été sélectionnés : ils portent essentiellement sur le développement de la collecte en apport volontaire, un dispositif bigrement moins couteux que le porte-à-porte, la sensibilisation des habitants, un levier majeur pour augmenter le geste de tri et la collecte en centre-ville et en habitat collectif où les performances sont les plus faibles aujourd’hui.
Au total, un objectif de 6 kg d’emballages ménagers recyclés en plus par an et par habitant, soit plus de 130 000 tonnes d’emballages ménagers supplémentaires chaque année d’ici 2018.
A Paris, ce sont 170 conteneurs à verre supplémentaires qui vont être installés, tandis qu’à Lyon 330 nouveaux points d’apport volontaires aériens vont voir le jour. Marseille, de son côté va mettre en place de nouveaux conteneurs pour les 140 000 habitants qui n’ont pas encore les moyens de trier. Outre l’ajout de 70 conteneurs à verre supplémentaires, sur les 875 existants actuellement, Saint Etienne va revoir toute sa signalétique sur l’ensemble des conteneurs pour donner à ses habitants les bonnes consignes de tri.
D’autres projets ont également reçu l'aval de l'éco-organisme : ils concernent la mise en place d’une communication plus engageante auprès des habitants déployée par les ambassadeurs du tri, le lancement de campagnes de sensibilisation dans les cités universitaires, ou encore, le renforcement des affichages des consignes de tri.
Ce plan, financé à hauteur de 40 millions d’euros par Eco-Emballages (et sa filiale Adelphe), et établi en concertation avec l’ensemble des parties prenantes (1 comité national, 4 comités territoriaux rassemblant 85 personnes) va toucher 20 millions d’habitants.
Améliorer la collecte dans les zones à moindre performance, est l'un des deux axes sur lesquels il faut travailler. Tout aussi important, le second concerne spécifiquement les déchets d'emballages ménagers en plastique : grâce aux 160 collectivités sélectionnées dans le cadre de l’appel à candidatures, 11,6 millions de Français supplémentaires pourront trier tous leurs emballages plastiques en 2016, s’ajoutant aux 3,7 millions de Français déjà en consignes élargies (depuis l’expérimentation menée entre 2011 et 2013).
Au total, fin 2016, ce sont 15,3 millions de Français qui pourront trier tous leurs emballages plastiques, soit près de 25% de la population nationale. Sur une année pleine, cette nouvelle phase d’extension devrait permettre de recycler environ 20 000 tonnes par an d’emballages ménagers en plastique en plus.
Préalablement à l’élargissement des consignes, les centres de tri retenus devront améliorer leurs équipements et leur organisation pour trier les films, automatiser le tri des différentes résines et adapter les conditions de travail des opérateurs (voir également Centres de tri : la sélection est d'actualité et Recyclage des plastiques : MPB "voit double"). Pour cela, Eco-Emballages va les accompagner financièrement à travers des aides directes à l’investissement, et payer les collectivités pour chacune des nouvelles tonnes de plastiques triées et recyclées. L’ensemble de ces financements représente un budget de 45 millions d’euros d’ici fin 2016.
L'éco-organisme a retenu 37 « bassins de tri » aptes à mettre en oeuvre l’extension des consignes de tri du plastique, dans un délai court, à savoir avant mi-2016. Les régions concernées ont avancé dans la rationalisation du réseau de centres de tri, un des pré-requis définis dans le cadre de l’expérimentation pour mettre en oeuvre progressivement les nouvelles consignes d’ici 2022, comme prévu dans la loi sur la transition énergétique.
La sélection reflète la diversité du territoire national : les 40 départements concernés se répartissent sur tout le pays, dans des territoires ruraux (Lozère, Ardennes, Jura), mais aussi dans les grandes agglomérations (Le Havre, Rouen, région parisienne), dans des zones touristiques (Cannes) et autour de villes de taille intermédiaire (Poitiers, Le Mans, Pau, Angers, Mulhouse, Nîmes, Lorient). 11 départements passeront à 100% en consignes élargies à court terme.
Pour compléter ce dispositif, Eco-Emballages met à disposition des collectivités des outils de communication sur les nouvelles consignes et accompagnera techniquement les acteurs locaux de la collecte et du tri. La prochaine étape pour l’élargissement des consignes à l’ensemble du territoire sera 2017-2022 avec l’objectif de doubler le taux de recyclage des plastiques.