Déchets dangereux : l'UE veut protéger les pays pauvres
L'Union Européenne interdit, depuis 2007, l'exportation des déchets dangereux vers les pays en voie de développement, le but étant de s'assurer qu'ils sont correctement traités et stockés. Néanmoins, l'interdiction est souvent contournée : 19% des cargaisons de déchets sont illégales. Il est en effet moins cher d'envoyer les déchets vers des pays où le coût de la main d'oeuvre est faible. Les euro-députés ont débattu de ce problème avec la Commission mardi dernier...
L'UE produit 70 millions de tonnes de déchets toxiques chaque année, et ce chiffre devrait continuer à croître. D'après l'Organisation pour la Coopération et le Développement en Europe (OCDE), les déchets pourraient augmenter de +45% entre 1995 et 2020. Produits chimiques, métaux lourds ou substances radioactives posent des problèmes pour l'environnement (pollution des sols...), mais aussi pour la santé humaine. Un règlement européen interdit donc qu'ils soient envoyés dans des pays en voie de développement pour être recyclés : les normes environnementales et la protection des travailleurs y sont trop faibles. Néanmoins, le coût de la main d'oeuvre y est également faible et certaines entreprises tentent de contourner la législation pour faire des économies.
Certains porte-conteneurs à destination de l'Afrique et de la Chine embarquent ainsi des déchets toxiques, les faisant passer pour des objets de seconde main (téléviseurs, téléphones portables, ordinateurs...). Ce business est d'autant plus rentable que les navires, ainsi, ne repartent pas à vide d'Europe, où ils viennent de décharger leur cargaison de produits manufacturés neufs. Au final, ce sont les pays en voie de développement qui trinquent : en Côte d'Ivoire, on se souvient que 16 personnes ont été tuées et des milliers contaminées en 2006 par le dépôt de déchets toxiques du cargo Probo Koala (voir notre article).
Actuellement, près de 70% des déchets électroniques au sein de l'Union disparaissent sans laisser de trace et, selon les informations fournies, 33% seulement des matériels électriques et électroniques mis au rebut sont traités conformément à la législation de l'UE. On estime que 19% des transferts de déchets violent le règlement précité. 2 études récentes, réalisées pour la Commission, ayant conclu qu'il conviendrait qu'une nouvelle législation soit mise en place afin de lutter contre ce problème, les questions des députés européens ont donc porté sur la façon dont la Commission européenne compte renforcer l'efficacité de mesures entrées en vigueur en 2007. Affaire à suivre...