Déchets : comment mieux recycler/valoriser le phosphore ?
La Commission européenne vient de lancer une consultation sur la manière d'utiliser le phosphore plus durablement. Ce dernier, composante essentielle des engrais et des aliments pour animaux, est largement employé dans l'agriculture et n'a pas de substitut. Ses réserves sont limitées, ses prix volatiles et des gaspillages importants sont à déplorer, ce qui suscite des préoccupations quant au coût et à la disponibilité des futures réserves, tant en Europe qu'ailleurs dans le monde...
"Actuellement, nous gaspillons cette précieuse ressource et en faisons une substance polluante. En utilisant le phosphore plus efficacement, nous réduirons son incidence sur l'environnement et améliorerons la sécurité des approvisionnements. Nous pouvons également dégager de nouvelles perspectives commerciales dans le secteur du recyclage", explique Janez Potočnik, Commissaire européen chargé de l'environnement.
La productivité des systèmes agricoles modernes dépend largement de l'apport de phosphore aux sols, en tant qu'engrais, et aux régimes alimentaires, en tant qu'aliment pour animaux. Le phosphore provient essentiellement des mines de phosphate de roche. Or, comme il n'en existe qu'une dans l'UE, la majeure partie du phosphate de roche utilisé dans l'Union est importée d'Afrique du Nord et de Russie (voir ici). Pour le moment, de grandes quantités de phosphore sont gaspillées tout au long du cycle de la production alimentaire, ce qui pose des problèmes environnementaux comme la pollution de l'eau. Certes, le droit de l'UE réglemente la pollution de l'eau par le phosphate au moyen de textes législatifs tels que la directive 'Nitrates' ou la directive relative au traitement des eaux urbaines résiduaires, mais il n'encourage pas une utilisation plus rationnelle de ce nutriment.
La consultation a pour but d'examiner les moyens de garantir la disponibilité de réserves pour les générations à venir et de limiter autant que possible les effets connexes indésirables de l'utilisation du phosphore sur l'environnement. A titre d'exemple, le ruissellement du phosphore, depuis les champs jusqu'aux cours d'eau, peut provoquer un surcroît de croissance des plantes et des algues, phénomène connu sous le nom d'"eutrophisation". La consultation a également pour but d'engager un débat sur l'utilisation du phosphore et sur les moyens de la rendre plus rationnelle. Cette communication ne vise pas l'adoption d'un texte législatif spécifique sur le sujet ; elle invite plutôt les institutions européennes et toutes les parties intéressées à soumettre leurs observations sur le sujet.
Plusieurs options susceptibles d'améliorer la situation actuelle sont présentées, et notamment l'utilisation plus ciblée des engrais et des aliments pour animaux, la diminution de l'érosion des sols et la promotion du recyclage du phosphore contenu dans le fumier, les eaux usées et le compost. Les parties consultées sont invitées à réfléchir sur les mesures qui pourraient être prises pour améliorer la valorisation du phosphore contenu dans d'autres sources, telles que les déchets alimentaires et les déchets biodégradables. La consultation sollicite également l'avis des parties intéressées sur la question de l'offre et de la demande, sur la manière de gérer le risque de contamination du sol et sur les techniques et les axes d'innovation à promouvoir en vue d'une utilisation plus durable du phosphore.
Le Parlement européen, le Conseil et les autres institutions européennes, le grand public, les autorités publiques, les ONG et les entreprises sont invités à transmettre leurs observations jusqu'au 1er décembre 2013 au plus tard. La Commission les examinera ensuite dans le courant de l'année 2014 et intégrera les résultats de cette consultation dans les domaines d'action correspondants, qui vont de la politique agricole aux travaux sur les matières premières, en passant par l'eau et les déchets. Pour plus d'informations, rendez-vous ici.