Déchets : collecter « plus » n’est pas la panacée

Le 13/06/2016 à 13:34  

Déchets : collecter « plus » n’est pas la panacée

Remède miracle Collecter plus, c’est bien ; assurer des débouchés aux matières premières recyclées issues des déchets, ce serait mieux. Tel est rapidement résumé la teneur du message commun publié la semaine dernière par EuRIC, la confédération européenne des industries du recyclage et la FEAD, la fédération européenne de la gestion des déchets et des services à l’environnement.

 EuRic et la Fead anticipent que la prochaine révision du Paquet Economie circulaire ne manquera pas de proposer un certain de mesures réglementaires visant à corriger certaines failles des marchés des matières premières recyclées. Pour que l’Economie Circulaire ne demeure pas un concept purement théorique, les déchets qui ne peuvent pas être « évités » (prévention) doivent pouvoir être transformés en ressources (recyclage) afin de respecter la fameuse « hiérarchie » de la gestion des déchets. Mais ce projet, attractif sur « le papier » ne peut se concrétiser si et seulement si la récupération de ces déchets est économiquement viable et si les « ressources » qui en sont issues reflète la réalité des coûts nécessaires à les collecter, à les trier, à le recycler et à les commercialiser auprès des industries consommatrices. Il est donc essentiel de « récompenser » les bénéfices environnementaux du recyclage et de se mettre à niveau avec les matières premières vierges.

 Les propositions de la Commission Européenne visant à interdire la mise en enfouissement des déchets issus de la collecte sélective et à fixer des objectifs contraignants de recyclage pour les déchets des collectivités locales sont évidemment un élément positif. Ces objectifs nouveaux auront pour conséquence d’augmenter l’offre de matières premières recyclées mais ne créeront pas automatiquement un supplément de demande. Il est donc nécessaire de s’assurer que la législation européenne établisse un cadre pour soutenir une demande durable pour les matières premières recyclées jusqu’à ce que le fonctionnement de l’économie circulaire se soutienne de lui-même. Les propositions de la Commission sous-entendent que si la qualité des matières collectées en vue de leur recyclage s’améliore cela créera automatiquement une demande supplémentaire de la part des consommateurs. Ni EuRic, ni la FEAD ne partagent ce point de vue. La « qualité » a toujours été un objectif essentiel pour les industries du recyclage (Est-il nécessaire de rappeler ici que les défauts de qualité entraînent de la part des utilisateurs des sanctions économiques immédiates? Ndlr) et l’importance d’alimenter les consommateurs de matières premières recyclées avec des matériaux de qualité répondant à des spécifications précises ne souffre pas de contestations. Mais la « qualité » engendre des coûts croissants qui ne se reflètent généralement pas dans les prix qui sont étroitement corrélés aux prix des matières premières vierges.

Sans mesures concernant la demande afin de créer des marchés « durables » pour les matières premières recyclées, les bénéfices environnementaux des activités du recyclage en termes d’économie d’énergie et de réduction des émissions de CO2 ne seront pas manifestes et il n’y aura pas de bases économiques pour lancer les investissements nécessaires à atteindre les objectifs du paquet « Economie Circulaire ».
C’est pourquoi EuRic et la FEAD demandent à ce que l’accent soit davantage mis sur la question de la demande (de matières premières recyclées) dans les propositions de la Commission. Les deux organisations estiment que le parlement Européen et le Conseil des Ministres pourraient amender les propositions de la Commission sur un certain nombre de points afin de stimuler la demande en :
 assurant une concurrence juste entre les matières premières vierges et les matières premières recyclées en « récompensant » financièrement les bénéfices environnementaux du recyclage
 en introduisant une exigence de contenu minimum en matière première recyclée pour un certain de produits
 en introduisant des exigences écologiques minimum des marchés publics au niveau européen pour stimuler les achats de produits à base de matières recyclées
 en amendant les règles de l’éco-étiquetage pour que soient incorporées des indications en termes de contenu en matières recyclées et de recyclabilité
 en encourageant les Etats-Membres à développer des incitations fiscales et financières tel que l’abaissement ou la suppression de la TVA pour favoriser les matières premières recyclées et leur réinjection dans les circuits économiques
 de plus, les produits devront être conçus afin de favoriser leur « réparabilité » et leur capacité à être recyclés.

 La conclusuion s'impose d'elle même : seule une demande soutenue pour les matières premières recyclées en Europe, constitue le fondement de l’accession au secteur du recyclage à un modèle économiquement viable produisant des matériaux de qualité en accroissant ainsi la confiance des utilisateurs de matières premières recyclées.