De l’huile de cuisson au biocarburant : un biodiesel à partir de déchets
Fondée en 2000, Bionor dont le site de production de biodiesel est basé à Betantevilla, dans la région d’Alava au Nord de l’Espagne, a ouvert ses portes en mai 2003. L’entreprise est l'une des rares entités à utiliser de l'huile de cuisson usagée pour produire du biodiesel : 80 000 tonnes collectées, 30 000 tonnes de carburant à la clé… Histoire d’un succès.
Tandis que la demande mondiale de transports de produits et de passagers ne cesse de progresser, les scientifiques sont à la recherche de nouveaux types de carburants non dangereux pour l’environnement. La demande de ces nouveaux carburants « écologiques » augmente elle aussi de façon régulière et importante.
La recherche et développement de carburants alternatifs, tout comme celle de divers biocarburants, est en cours et bien que l'évolution de ces produits ait rencontré de nombreux obstacles, l'industrie semble devenir plus efficace et l'on assiste à l’émergence de solutions innovantes et durables.
Exemple : le biodiesel produit à partir de sous produits et de déchets. La société espagnole Bionor Transformacion SA montre la voie dans ce domaine : elle a réussi à convertir un déchet potentiellement dangereux en biodiesel et produit donc du biodiesel à partir d’huile de cuisson usagée, potentiellement nocive.
« L'huile usagée est un problème, explique Alfonso Ausin, PDG de l’entreprise : c’est un déchet qui doit être collecté à part. S’il ne l’est pas, il est d’ordinaire versé dans les éviers et autres canalisations. Après avoir alimenté la vermine, il se retrouve finalement dans les stations d’épuration, où il constitue l'un des produits les plus difficiles à traiter et à éliminer. L'utilisation d’huile usagée pour produire du biodiesel est donc une activité hautement écologique »…
Selon le patron de l’entreprise, Bionor « consomme » environ 80 000 tonnes par an. Fondée en 2000, Bionor est détenue à 25% par le secteur public et 75% par des entreprises privées. Son site de production de biodiesel à Betantevilla, dans la région d’Alava au Nord de l’Espagne, a ouvert ses portes en mai 2003. Il produit aujourd’hui 30 000 tonnes de biodiesel par an et emploie 20 personnes. La société possède plus de 70 points de distribution dans les stations service et quatre distributeurs régionaux exclusifs, qui représentent tous la marque Bionor MX 15-Via Oil.
Bionor est l'une des rares entreprises à utiliser de l'huile de cuisson usagée pour produire du biodiesel. « Il y a deux raisons à cela : tout d’abord la quantité d’huile usagée est limitée. Ensuite, produire du biodiesel acceptable est plus difficile à partir d’huile usagée qu'à partir d’huile vierge ».
La collecte des huiles usagées est centrée sur deux domaines majeurs : la restauration et les ménages. Si pratiquement tous les restaurants espagnols disposent d’un système de collecte, la collecte des huiles domestiques en est à peine à ses débuts. L'huile est collectée le plus souvent par de petites entreprises qui négocient directement avec divers établissement (restaurants, bars, écoles, cantines d’usines, etc.).
Producteur de biodiesel à ses débuts, Bionor a aujourd'hui choisi la polyvalence… « Etre producteur uniquement ne suffit pas », confesse Alfonso Ausin. « Tout comme l’entreprise est allée de l’avant pour passer à la distribution, nous devons remonter la chaîne et devenir collecteur. Nous pénétrons désormais le marché de la collecte d’huile : on ne se contente plus d’acheter à des collecteurs ; on est en train d’acquérir plusieurs sociétés de collecte »…
Chez Bionor, on ne prend pas l’environnement à la légère. Le process ne peut se passer d’eau.
« Cette eau demande des volumes d’oxygène de 15 000 ppm et avant d’être relarguée dans la rivière, elle doit être réduite à 100, ce qui n’est pas une mince affaire.
Réduire la consommation d’eau en récupérant celle-ci afin de limiter au minimum l’entrée d’eau propre et le process pour réduire la consommation de catalyseurs et de méthanol, tous deux très chers et très contagieux, comptent également parmi les priorités de l’entreprise.
Alfa Laval participe depuis l’origine, au développement de l’entreprise avec ses équipements mais aussi son expertise en la matière (…). Pour ce qui est des équipements, ce n’est un secret pour personne que dans le monde des équipements techniques et chimiques pour l’huile, Alfa Laval est vraiment le numéro 1. C’est bien le cas pour notre site : les équipes qui ont été envoyées ont été redoutablement efficace et ont identifié et sérié chacun des problèmes initiaux que nous devions surmonter », explique Alfonso Ausin.
Bien que parfaitement équipé, l’entrepreneur ne fait pas de pronostiques pour l’avenir. « Ceci est une industrie émergente, conclut-il, et les règles du jeu n’ont pas encore été établies. De plus, nous n’en connaissons pas vraiment tous les acteurs. En outre, la nocivité pour l’environnement de matières premières n’est pas encore bien déterminée. Nous vivons une période de turbulence, mais ceci pourrait s’avérer bon, par e que cela permettrait de filtrer certains acteurs, pour ne garder que les meilleurs . Demandez-moi s’il y aura toujours une industrie des biocarburants en 2020, je vous répondrai « oui bien sûr ». Cependant, la route ne sera sas dénuée de chaos, et seuls survivront les projets sains, bien placés et bien dimensionnés, avec une logistique et un financement adéquats ».