De la décharge au bioréacteur : les canadiens expérimentent !
La question de l'optimisation de la gestion d'un centre d'enfouissement technique est complexe et nombreux sont les travaux de recherche qui y sont consacrés. Parmi les solutions, le département génie civil de l'université Ryerson de Toronto se concentre sur l'étude de la décharge gérée comme un bioréacteur. Il travaille à la mise au point de méthodologies, d'outils de suivi, modélisation de l'enfouissement des déchets avec organisation de la circulation des fluides...
Les travaux de recherche du professeur Mostafa Warith de l'université Ryerson à Toronto ont abouti à un outil de mesure pour les gestionnaires de CET avec confinement étanche. L'objectif est d'optimiser la gestion de leur capacité de stockage .
Il confirme que le tassement et la transformation des déchets dans une décharge gérée comme un bioréacteur ( circulation des fluides, récupération biogaz, parfaite étanchéité et compartimentée) est très importante lors des premières années de stockage, libérant ainsi de l'espace et optimisant le rendement. Il indique que la différence entre un processus naturel de stockage et la gestion type bioréacteur est très significative. Ce qui devait normalement prendre 50 à 100 ans pour se transformer, peut être réalisé en huit à dix années.
En faisant des simulations en laboratoire de modèles de réacteur, Warith et ses partenaires de l'Université Ain Shams du Caire ont pu mesurer sur différentes compositions de déchets exposés dans les mêmes conditions les taux de transformation. Ils ont constaté que le rythme de transformation est très rapide lors des vingt premiers jours de stockage, de l'ordre de 15%. Ensuite il s'abaisse à 7% sur les cents premiers jours.
Maintenant, Warith fait remarquer qu'au Canada on n'optimise pas encore la gestion des décharges : " Même en tenant compte du grand volume de déchets et la difficulté d'avoir à fermer les sites d'enfouissement, tout en étant incapables d'obtenir l'ouverture de nouveaux sites, le Canada n'a pas encore fait le passage à des décharges bioréacteurs. Au moment où nous parlons, Calgary en a une, il y en a une au Québec et il en existe une pour l'Ontario. Toutefois, ici, à Toronto, nous n'avons pas adopté cette technologie. Or, quand il s'agit de la gestion des déchets, nous devons commencer à penser de traitement, et pas seulement du stockage. "
NB : Seulement deux équipes de chercheurs canadiens étudient la gestion d'une décharge sur le mode bioréacteur. Elles ont récemment reçu une subvention de 3 millions de dollars canadiens du Fonds pour la recherche en Ontario afin de mener leurs expérimentations sur le terrain.
Pour ceux que ce sujet intéresse, nous vous conseillons la lecture du rapport de l'association Solagro qui date de 2003 : De la décharge au bioréacteur