D3E : priorité à un recyclage éco-compatible
La Suisse fait figure de pionnière dans de nombreux domaines de la protection de l'environnement, notamment en matière de recyclage et d'élimination des déchets électroniques et électriques. En août dernier, le Ministre de l'environnement péruvien Antonio Brack et la Ministre de l'économie suisse Doris Leuthard ont d'ailleurs signé un accord de coopération dans ce domaine entre les 2 pays...
Parallèlement à un projet similaire en Colombie, le SECO (Secrétariat d'Etat à l'économie suisse) va soutenir durant 2 ans et demi au Pérou avec différents partenaires privés et publics la mise en place d'un recyclage respectueux de l'environnement. Ce projet s'inscrit dans la stratégie du SECO d'accroître à moyen terme sa coopération au développement dans le pays cible qu'est le Pérou pour un montant d'environ 8 millions d'euros par année, avec un accent sur la promotion des technologies de l'environnement et de la protection climatique. Ce projet est placé sous la direction de l'Empa (Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche) qui a déjà réalisé différents projets portant sur les technologies de l'environnement en Colombie depuis 1998 et au Pérou depuis 2002.
L'un des objectifs de cette coopération est de réduire à un minimum la libération de substances toxiques lors de l'élimination des piles électriques, des matériaux isolants et des écrans d'ordinateurs et de télévision. Sa mise en oeuvre est accompagnée de différents projets de recherche portant sur les conditions spécifiques à ces 2 pays et sur l'identification de méthodes de recyclage appropriées. Cet accord a été signé par la Conseillère fédérale Doris Leuthard et le Ministre de l'environnement péruvien Antonio Brack à l'occasion de la visite de ce dernier en Suisse, une visite lors de laquelle il s'est également informé à l'Empa sur une étude actuellement en cours sur le potentiel et les écobilans de différents biocarburants produits au Pérou. "Ce que l'Empa réalise dans le domaine des biocarburants au Pérou a une très grande importance pour nous, à savoir nous fournir des bases scientifiques pour des décisions politiques", a déclaré le Ministre.
Le but que poursuit ce projet au Pérou est la récupération et le recyclage des matériaux valorisables que renferment les déchets électroniques et électriques, la réduction des charges environnementales ainsi que la création de nouveaux emplois tout au long de la chaîne de valorisation et d'élimination. La valorisation des métaux rares et précieux que renferment par exemple les circuits imprimés devrait permettre aussi de développer des relations commerciales internationales. Tout comme déjà en Chine, en Inde et en Afrique du Sud, les acteurs suisses de la récupération des déchets électroniques, mais aussi des entreprises suisses de recyclage développant des activités internationales, participent aussi à ce projet. La plateforme internationale "StEP - Solving the e-Waste Problem", à laquelle participent diverses institutions de l'ONU mais aussi des multinationales telles que HP, Dell, Cisco et Microsoft et dont le SECO et l'Empa font partie des membres fondateurs, assure que les mesures engagées au Pérou viennent renforcer le transfert de technologie à l'échelle mondiale.
Comme le montrent les statistiques de l'OCDE, le commerce global des produits des technologies de l'information et de la communication représentaient en 2004 déjà les 8% du produit social brut mondial. La diffusion des technologies modernes ne s'arrête pas aux frontières des pays en voie de développement. On estime que, par exemple, en Amérique latine, le volume commercial correspondant va plus que doubler dans moins de 5 ans. Cela ouvre de nouveaux domaines d'activité, par exemple dans le recyclage des métaux, pour certains rares et précieux, que renferment ces produits. Malgré les conventions internationales telles que la Convention de Bâle qui interdisent l'exportation de ces produits comme déchets, les autorités douanières ne sont pas toujours en mesure de déterminer si de tels appareils sont importés comme déchets ou pour une réutilisation. Bien que, par exemple, des ordinateurs usagés puissent aussi fréquemment être réparés pour être réutilisés utilement pour assurer à des groupes de population défavorisés l'accès à la société internationale du savoir, ils finissent très souvent de manière incontrôlée dans les entreprises de recyclage sauvage des arrières cours des grandes villes. La réintégration dans une chaîne de valorisation par réparation et recyclage est souvent assumée par un secteur informel qui d'une part fonctionne le plus souvent de manière inefficace et où, d'autre part, la libération de polluants due à un traitement inadéquat met en danger les travailleurs et l'environnement.
Depuis 2003, le SECO finance des projets de recyclage éco-compatible dans le cadre de partenariats scientifiques en Chine, en Inde et en Afrique du Sud. L'Empa, qui dispose d'une longue expérience dans la mise en pratique de mesures de recyclage écologiques, en assume la responsabilité de leur direction et de leur réalisation.
En rapport avec le sujet, nous vous renvoyons à la lecture de notre article : Déchets électroniques : l'Inde au bord du gouffre ?.