Une enquête approfondie de 2 ans, menée dans le cadre du projet CWIT, a révélé que la quantité de D3E exportée par l’Europe (400.000 tonnes) était plus de 10 fois inférieure à celle des déchets électroniques commercialisés illégalement ou faisant l’objet d’une mauvaise gestion sur son territoire (4,7 millions de tonnes). En outre, le vol à grande échelle de composants de valeur prélevés sur ces déchets, tels que les circuits imprimés et les métaux précieux, entraîne une importante perte de matériaux et de ressources pour les sociétés de traitement des déchets respectueuses de la loi en Europe, estimée entre 800 millions et 1,7 milliard d’euros annuellement. Le projet CWIT (Lutte contre le commerce des D3E), financé par l’Union Européenne, était coordonné par Interpol, en collaboration avec l’Université des Nations Unies (UNU), l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice, le Forum DEEE, la Cross-Border Research Association, Zanasi & Partners et Compliance & Risks...
"Les équipements électriques et électroniques représentent le flux de déchets affichant la plus forte croissance à l’échelle mondiale. Le seul poids des D3E produits en Europe et mal gérés équivaut à un mur de 10 mètres de haut reliant Oslo à la pointe de l’Italie. Dans toute la mesure du possible, les métaux et les composants précieux, notamment les matières premières essentielles, doivent être prélevés et recyclés en toute sécurité", indique Pascal Leroy, Secrétaire Général du Forum DEEE.
Les enquêtes réalisées par Interpol au niveau national ont révélé qu’en moyenne, chaque année, sur l’ensemble des déchets électroniques exportés par l’Union Européenne, seulement 2.000 tonnes (0,5%) étaient interceptées dans le cadre d’opérations donnant lieu à une forme de condamnation, des amendes administratives ou des sanctions civiles. Le rapport indique que 30% des membres de l’UE n’ont pas mis en œuvre la réglementation stricte requise dans la dernière version de la directive de l’UE sur les D3E, et que les sanctions nationales pour ce type d’infractions ne sont pas suffisamment lourdes pour être dissuasives.
Le projet CWIT ayant permis de mettre en évidence des cas de fraude, d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent, il propose d’harmoniser les sanctions de manière à simplifier la répression des affaires transfrontalières, et à éviter que les malfaiteurs ne déplacent leurs activités dans des pays à plus faible risque au sein de l’UE, profitant de la grande hétérogénéité des sanctions juridiques et financières liées au commerce illicite de déchets électriques et électroniques.
"L’étude montre que le commerce illicite de déchets électriques et électroniques, de par les profits qu’il génère et le faible risque de détection, se prête à une exploitation que les Etats pourraient prévenir davantage en recourant à un juste dosage de sanctions administratives et pénales à la mesure de l’ampleur des profits illicites générés et des dommages environnementaux et sociaux occasionnés. La communauté des services chargés de l’application de la loi doit agir à un stade plus précoce s’agissant des enquêtes sur les déchets électriques et électroniques illicites, qui doivent donner lieu à davantage de poursuites et de condamnations", déclare David Higgins, Sous-Directeur de la Sécurité environnementale à Interpol.