La World Steel Association (WSA) a récemment publié ses prévisions de croissance pour l’année 2011 et pour l’année 2012. Si la consommation apparente est toujours orientée à la hausse, WSA observe un tassement de cette croissance : on eût été surpris qu’il en fût autrement...
En 2011, la consommation apparente d’acier devrait progresser de 6.5 %. 8.5 points de moins qu’en 2010. On pourrait se poser la question de savoir si l’année 2010 constitue une bonne référence puisqu’elle fut l’année d’un rebond spectaculaire après l’effondrement de l’année 2009.
La crise, encore elle...
Mais les statistiques ont ceci d’impitoyable qu’elles comparent des chiffres sans prendre en compte les contextes. Quant à parler de contexte, on ne peut pas vraiment dire que celui de 2011 ait été très favorable. Il est vrai que le 1er semestre de l’année aurait laissé pu croire notamment en ce qui concerne l’acier que l’on avait tourné la page de la tourmente. Mais quand le second semestre fut venu, la crise a gentiment rappelé qu’elle n’avait pas envie qu’on l’enterre aussi vite. Et le comité économique de la WSA d’aligner les « petites perturbations » qui ont troublé la sérénité économique de l’année en cours : crise des dettes souveraines de la zone euro, tremblement de terre et tsunami au Japon, explosion des « révolutions » au Moyen-Orient et premières ondes négatives émanant des pays émergents. Aujourd’hui poursuit le comité économique de la WSA, l’économie est à nouveau plongé dans l’incertitude et tout le monde se demande à quel moment les facéties financières vont, à nouveau, frapper de plein fouet l’économie réelle. Et quand on parle acier, on est dans l’économie réelle. Il est vrai qu’au lieu de punir sévèrement les responsables de la crise de 2008 qui sont clairement identifiés, on leur a rendu des allumettes en leur faisant promettre de ne pas rallumer de feux…Quant on fait des prévisions, et il faut ici saluer le courage du Comité économique de la WSA, il faut choisir des hypothèses. Le Comité économique reconnait qu’il construit son modèle sur un optimisme prudent. Optimisme prudent qui estime que les économies des pays développés n’entreront pas en récession et que la réponse politique à la crise des dettes souveraines en Europe permettra de limiter la volatilité sur les marchés des changes et financiers. Optimisme, certes, prudents ?
Variable d’une région à l’autre
Sur ces bases, le Comité économique que la croissance de la demande d’acier évoluera d’une façon différenciée d’une raison à l’autre du monde. A tout seigneur, tout honneur, en Chine la consommation apparente d’acier en 2011 devrait progresser de 7.5 % à 643 millions de tonnes contre 8.5 % en 2010. En 2012, la croissance de la consommation apparente de la Chine devrait continuer de se tasser à 6 %, mais à ce taux-là, la Chine n’en consommera pas moins 681 millions de tonnes d’acier dans l’année. Concernant l’Inde, les chiffres correspondant s’établissent à 4,3 % et 67.7 millions de tonnes en 2011 et 7.9 % en 2012. Les prévisions de la WSA estiment que la croissance de la consommation d’acier en 2011 aux Etats-Unis devraient atteindre de 11.6 % mais en 2012, la croissance ne devrait atteindre que 5.2 % ; la consommation d’acier aux Etats-Unis sera alors de 93.8 millions de tonnes soit 87 % de ce qu’elle fut en 2007.
En Europe, les divergences entre les mouvements de croissance seront particulièrement marquées. Si l’on s’attend à ce que l’Allemagne et la Pologne établissent des scores impressionnants, la croissance de la demande d’acier en Espagne ne devrait pas excéder 1.7 %. Au global, en Europe, la croissance de la consommation d’acier devrait s’établir à 7 % en 2011 à 155 millions de tonnes. En 2012, la croissance de la demande d’acier dans la plupart des pays d’Europe devrait être particulièrement faible à l’exception notoire de celle de la Pologne et au global, la croissance de la demande en Europe devrait s’afficher à 2.5 % ce qui en termes de tonnages se traduit par 158.9 millions de tonnes soit 80 % de ce que fut la consommation d’acier en Europe en 2007.