Créosote: une charte pour le traitement des bois toxiques

Le 10/08/2010 à 12:08  

Créosote: une charte pour le traitement des bois toxiques

Bois traité à la créosote Pendant de nombreuses années, poteaux électriques, de télécommunications et traverses de chemin de fer ont été traités à la créosote (produit cancérigène) ou aux CCA (cuivre, chrome, arsenic...). Loin d'avoir été récupérés et valorisés en bonne et due forme, ces bois étaient donnés (ou revendus) à des particuliers ou à des entreprises un peu partout en France. Cependant un traitement spécifique préalable est absolument nécessaire car ce sont des bois toxiques. La signature d'une convention ad hoc par le Meeddm (ministère du développement durable), la FNCCR (Fédération Nationale des collectivités concédantes et régies), Robin des bois, RFF (Réseau ferré de France), ERDF (Électricité réseau distribution France) et France Télécom, le 15 juillet dernier devrait contribuer à une meilleure valorisation de ces déchets dangereux.

La créosote est un produit dont on entend parler épisodiquement et qui fait hautement débat de par sa toxicité. En effet, cette substance a longtemps été utilisée comme pesticide avant d'être interdite de commercialisation en 2003. Cancérigène, elle est trouvée dans le dépôt croûteux déposé par les fumées circulant dans une cheminée ou contre une paroi froide. En outre, un quart du charbon de bois domestique français provient du recyclage de traverses de voies ferrées, traitées à la créosote. Dans le cadre du Grenelle de l'Environnement, l'engagement a été pris d'améliorer la gestion de certains déchets spécifiques, dont celui des bois traités. En ce sens, le ministère en charge du développement durable a mis en place un groupe de travail entre février 2008 et mars 2010 réunissant notamment l'ensemble des signataires de la charte d'engagement volontaire. Cette dernière est effective jusqu'au 31 décembre 2013.

 En France, les trois principaux utilisateurs de bois traités à la créosote ou aux CCA sont RFF, France Télécom et ERDF. Ces bois sont utilisés pour les réseaux d'infrastructure des ces opérateurs. Les signataires de la charte ont opté pour un "engagement volontaire" en ce qui concerne le traitement du bois. En effet, il y a quelque 80 000 tonnes par an de "bois traités avec des produits classés cancérigènes de niveaux 1 ou 2" dont la revente aux particuliers est autorisée, permise grâce à une directive européenne. Cet accord devrait faire bouger les choses valablement .

Alors que RFF a stoppé sa revente aux particuliers et aux professionnels depuis un an, de nouvelles solutions d'élimination sont à élaborer. Selon le PDG de RFF, Hubert du Mesnil, le temps presse et l'enjeu est de parvenir à "faire cela à moindre coût", mais aussi du point de vue écologique. Plusieurs problèmes se posent dans la filière: celui du coût des transport, et surtout la mise en place de lieux de traitement sur le territoire, ce qui n'est pas encore le cas. Par ailleurs, la créosote est toujours utilisée par le réseau de revente des traverses. Des programmes de recherches sont en cours pour trouver des traitements de substitution et qui garantissent aux traverses une durée de vie de 30 à 40 ans. Cependant la créosote de 2010 ne contient pas le même nombre de substance cancérigène que celle des années 1970. Une filière de traitement adaptée doit donc être mise en place. Les particuliers par exemple peuvent difficilement retraiter de vieux poteaux et traverses stockés chez eux; cela coûte entre 200 et 300 euros la tonnes de traitement (hors coût transport), et ils sont souvent obligés de faire appel à un cimentier faute d'infrastructures adaptées. 

Ce sont donc tous ces problèmes qui sont mis à plat avec cette charte. L'heure est donc aux engagements volontaires, à la réflexion sur le recours systématique à l'incinération de ces bois et à l'encouragement de la diffusion de l'information. A l'écrit il n'y a pas d'interdiction ni de mesures concrètes. Mais il est important de noter que l'association Robin des bois qui connaît bien le dossier a fait parti des négociations et que c'est un atout indéniable pour l'action militante. Par ailleurs, une grande place est donnée à une meilleure diffusion de l'information auprès des particuliers et des professionnels. Enfin, les opérateurs signataires du document ne pourront plus agir comme si le problème n'existait pas, et des efforts vont aussi devoir être menés dans leur côté. Reste à mettre en place une filière de traitement, dont le coût exact reste encore inconnu, ainsi que sa répartition entre les différents acteurs, l'organisation...

Quelques chiffres:
80 000 tonnes de bois traités par an à recycler dont:
- RFF: 50 000 tonnes (800 000 poteaux par an)
- France Télécom: 12 000 tonnes pour 300 000 poteaux pour un "coût d'un million d'euros par an"
- 2 000 à 3 000 tonnes de poteaux déposés par les autorités organisatrices de la distribution publique d'électricité (AQD)
- 1 000 à 1 500 de tonnes de poteaux déposés par ERDF

Pour aller plus loin dans ce dossier, consulter la charte d'engagement volontaire relative à la réutilisation et à l'élimination des poteaux et des traverses en bois traités à la créosote et aux CCA,
le communiqué de la FNCCR,
le dossier des signataires.