Covaltex : la petite bête qui monte, qui monte...
D’autres entreprises ont manifesté leur intérêt pour l’association et devraient demander leur entrée prochainement, ce qui a été accepté par la dernière assemblée générale qui s’est tenue le 11 juillet dernier…
« L’association est ouverte à tous, qu’ils soient de l’Economie Traditionnelle, de l’Economie Sociale et Solidaire, associations humanitaires ou environnementales, tous les membres estimant que ces entités sont complémentaires et source d’enrichissement mutuel », précise le président, Georges Bourgeois.
La dernière assemblée générale s’est tenue à Nîmes (voir notre depêche), dans le cadre de la décentralisation voulue par les membres fondateurs, de sorte que tous puissent peu à peu mieux se connaitre, se comprendre et s’apprécier sur le terrain même de leurs activités.
La précédente réunion à ce titre avait été organisée à Saint-Chamond dans les locaux de B.I.C.
« Ce système est très apprécié de tous et contribue à entretenir la cohésion et la cordialité entre les membres. Une visite des installations de Philtex & Recycling avait eu lieu tôt le matin ; le Président de la Chambre de Commerce, Henry Douais, avait tenu à venir saluer lui-même les participants pour leur souhaiter la bienvenue, leur dresser un bref historique du prestigieux bâtiment et les encourager dans leurs travaux. Tout le monde a vivement apprécié cette ambiance », poursuit le chef de file de la structure.
Un an, déjà
Actions : tel est le mot d’ordre. Aussi pendant l’année qui vient de s’écouler, le travail a consisté à faire connaître l’existence de l’association (voir Covaltex nous tricote l'avenir du recyclage) auprès des différentes instances nationales telles que l’Ademe, Amorce, Eco TLC, l’Union des Industries Textiles de France, l’Association des Maires de France, Federec, le Ministère de l’Ecologie et œuvrer, par de nombreux contacts téléphoniques et plusieurs réunions en haut lieu auprès du Ministère, pour que Covaltex soit reconnue comme un interlocuteur représentatif de la collecte et du recyclage textile en France. C’est d’ailleurs ainsi et à ce titre que l’association a été admise aux réunions organisées par le Ministère de l’Ecologie en vue du ré agrément de l’Eco Organisme, et ce, dès la seconde réunion du mois de janvier 2013.
Avec un constat : l’accueil réservé à l’association durant ces séances de travail de l’automne 2012 laisse à penser aux membres que « la création de notre association était une nécessité pour de nombreux professionnels, tandis qu’elle correspondait à une attente des divers interlocuteurs ».
Georges Bourgeois rappelle bien volontiers que « le but premier, la raison même de la création de l’association, est la volonté de plusieurs acteurs (collecteurs et valorisateurs, rejoints ensuite par des trieurs) de s’entraider, d’échanger des informations, de tenir informés ses membres de l’actualité de la profession par l’envoi de documentation, d’informations, d’articles de presse et de documents d’études et juridiques, de se connaître, enfin de mettre en place des relations conviviales dont ils ressentaient vivement le besoin ».
Dans ce cadre clairement déterminé, les membres se disent décidés à défendre les intérêts de la profession dans son ensemble, en tenant compte de tous ses aspects, de tous ses acteurs quelle que soit leur taille, leur localisation, leur activité.
Il faut dire que si certains membres ont de longues années d’expérience à leur actif, il en est des plus jeunes récemment installés, qui croient dur comme fer à l’avenir de ce métier. « Cette nouvelle génération ayant opté pour ce métier ancien mais capable d’adaptation, tient à montrer une image constructive, propre et innovante de la récupération des textiles en France et montrer que les pratiques imputées aux "chiffonniers" d’antan (les bagarres (!) ou l’enrichissement douteux) et dont la presse se fait parfois encore, malheureusement l’écho, ne sont pas le fait de l’ensemble d’une profession, mais bien de cas isolés, rejetés par tous et symbole de la vieille génération ».
Et il est vrai, pour les plus anciens d'entre nous, que l'image laissée par certaines entreprises n'avait rien de glorieux...
En répartissant le travail et les études entre ses adhérents en fonction de leurs compétences afin que chacun puisse s’exprimer, « Covaltex a pu être présente à toutes les réunions et groupes de travail organisés par le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable. A trois reprises, elle a remis au Ministère ses propositions sous la forme de contributions écrites que le Ministère a jugé nécessaire de publier auprès des différentes instances participant à ces débats ». Cela étant précisé, les dirigeants de l’association tiennent à faire savoir que « même après la rédaction et la publication du futur cahier des charges qui sera celui d’Eco TLC, notre association demeurera très vigilante sur son application sur le terrain, que ce soit dans les entreprises de la profession ou sur le terrain des collectes »…
Interdépendance : le mot clé à ne pas oublier
A ce stade du débat, il est nécessaire de rentrer dans les détails. S’il est évident pour nos interlocuteurs qu’il y a du travail pour tous, il est tout aussi clair pour eux « qu’Eco-TLC offre la particularité d’être le seul éco organisme français qui ne finance pas la collecte, mais le destinataire de la collecte, appelé dans la Loi « l’opérateur de tri ».
Ceci a le don de les interpeller, puisque, rappellent-ils, « plusieurs acteurs existent depuis toujours, liés les uns aux autres : les collecteurs, les trieurs et les valorisateurs ».
Et de rappeler que plusieurs formes de collecte existent (par ordre d’ancienneté) : la collecte par apport direct à l’adresse d’une association ; la collecte au porte à porte ; la collecte par apport volontaire du public en conteneurs. On voit émerger actuellement une nouvelle forme de collecte : la collecte par échange en magasins.
En assurant aussi que ces acteurs sont interdépendants : pas d’approvisionnement des trieurs sans les collecteurs ; pas d’écoulement de la collecte sans les trieurs ; pas d’écoulement d’au moins 40 % tri sans les valorisateurs ; pas de valorisateurs sans les trieurs.
« Il ne faut pas oublier que ces collectes sont très importantes pour les associations dites caritatives et les structures d’insertion. Les débats se sont beaucoup trop polarisés sur le seul conteneur qui n’est qu’un des moyens de collecte des textiles et l’un des nombreux Points d’Apport Volontaire».
Les adhérents de l'association nous déclarent avoir sondé les associations avec lesquelles ils travaillent : associations caritatives et structures de l’Economie Sociale et Solidaire possédant un ou plusieurs Points d’Apport Volontaire (adresses de leur centre de tri ou de leur(s) magasin(s), conteneurs à leur porte ou dans la ville. Toutes, sans exception, reconnaitraient que l’apport des textiles est nécessaire à leur existence, ne serait-ce que parce qu'il procure du travail à des personnes peu qualifiées par la collecte, le tri, la manutention, l’apprentissage de la gestion (de stocks par exemple) tout en permettant aussi parfois, à l'individu de s'exprimer par la création de nouveaux vêtements qui sont présentés lors de défilés (dans le cadre de manifestations dédiées au recyclage par exemple).
« Les boutiques ou vesti-boutiques sont non seulement un apport financier important mais aussi un lieu de rencontres et d’échanges et une possibilité de communication sur leurs actions. La vente des textiles après écrémage est un apport essentiel au moment où les dons s’amenuisent et que les subventions se font de plus en plus lentes quand elles sont octroyées. Enfin, ces Points d’Apport Volontaire proposent aux pouvoirs publics une collecte parfaitement sécurisée et propre puisqu’ils sont, par définition, fermés, sécurisés, ramassés quotidiennement lorsqu’un conteneur est placé à la porte ».
D'où un certain nombre de recommandations et propositions.
Ainsi, l'association se dit prête à soutenir les associations dans la défense de leurs intérêts financiers et sociaux et surtout à défendre leur objet social. Les dizaines de millions d’euros, les fonds versés par les metteurs en marché ne le sont, outre les collectivités pour la communication, qu’aux seuls « trieurs », alors que chacun des acteurs à ses propres avantages et ses propres problèmes, en particulier les valorisateurs (essuyagistes et effilocheurs) dont le métier a tendance à disparaître au profit de la délocalisation outre-mer.
De la même manière, elle estime indispensable un contrôle strict et la publication de l’utilisation de ces fonds. Cela permettra de répondre aux inquiétudes, aux questions qui viennent à l’esprit, non seulement de beaucoup de professionnels, mais également de metteurs en marché qui sont en droit de connaître leur destination réelle. Un vrai contrôle de la matière sortant des centres de classage doit être mis en place. Toute matière ne pouvant justifier qu’elle ait été bien triée en Europe ne doit pas percevoir de soutien de l’Eco Organisme.
La structure poursuit son raisonnement et déclare que ces fonds versés aux opérateurs de tri par les metteurs en marché ne doivent servir qu’aux seul centres de tri français et européens dans le seul but d’améliorer leur outil et leurs conditions de travail et de créer de l’emploi sur place et non pas dans les pays à bas coûts salariaux tels que, en particulier, les Emirats et le Maghreb.
« En effet, ces fonds versés aux seuls trieurs par les metteurs en marché sont-ils utilisés pour le seul tri ? Peuvent-ils et servent-ils aux trieurs-collecteurs pour financer aussi leur propre collecte ? Financement dont ne bénéficient pas les collecteurs purs. On assiste maintenant à l’émergence d’un trieur-collecteur-valorisateur. Ces fonds peuvent-ils et servent-ils à financer toute la chaine ? Fonds dont ne bénéficient pas les valorisateurs. Ces questions sont sans réponses actuellement», explique Georges Bourgeois.
En revanche, l'association exprime quelques craintes relativement à ces fonds qui sans contrôle, pourraient « servir à favoriser une concurrence déloyale entre les collecteurs et les collecteurs-trieurs, entre les valorisateurs et les trieurs-valorisateurs et ne provoquent, à terme, la disparition des « petits » acteurs au profit de quelques-uns seulement ».
D'où son souhait clairement exprimé que l’Eco Organisme ait la possibilité d’intervenir sur le terrain afin d’imposer et de maintenir la coordination et la concertation avec les acteurs locaux existant déjà sur l’activité textile quelle qu’elle soit, et ceci avant toute mise en place de dispositifs nouveaux de collecte des TLC.
Allant plus avant, elle souhaite également l’intervention de l’Association des Maires de France et d’Amorce pour que les procédures (appel d’offre, appel à projet, consultation, accord local, …) soient lancées en bonne et due forme.
Et d'insister sur un point : la collectivité doit vérifier que le collecteur possède réellement les éléments garantissant son professionnalisme. L’association demande enfin qu’il soit obligatoire de mentionner sur les flyers et sacs des collectes au porte à porte tous les renseignements légaux que la mairie pourra contrôler.
La conclusion de ces échanges ne se fait pas attendre : Covaltex entend « s’attacher à ce que soient prises en compte les difficultés voire l’impossibilité d’approvisionnement en matières premières sur le marché français des valorisateurs ainsi que la concurrence insoutenable des produits finis en provenance de pays émergents, notamment le Maghreb.
Les adhérents comptent se pencher sur d’autres points encore tels qu’une étude comparative des législations européennes, ceci pour mieux comprendre ce qui se passe en France ; le porte à porte sauvage ; les rapports entre l’Economie Traditionnelle et l’Economie Sociale et Solidaire (mieux se comprendre ; actions communes ; complémentarité).
Et ils ont prévus de se revoir avant la fin de l’année, au mois de décembre, dans une autre ville, chez l’un d’entre eux».