Cours des matières premières : la fin d'un cycle ?
Il n'est pas aisé de prévoir l'évolution des cours des matières premières en ce dédut d'année 2008 tant la situation économique mondiale est complexe. Certains , comme l'expert Philippe Chalmin, penchent en faveur d'un atterissage en douceur avec des situations contrastées et un maintien des prix à des niveaux élevés. Principale raison : toujours et encore la Chine...
Les spéculations vont bon train...La crise des subprimes entraînerait l'économie américaine en récession et se propagerait au reste du monde. Autre scénario : les économies des pays émergents, et surtout celle de la Chine vont continuer à maintenir un taux de croissance élevée grâce à leur demande interne et vont soutenir les cours élevées des matières premières. Et quant au manque de fonds propres du secteur bancaire, il serait solutionné notamment grâce aux apports des fonds souverains estimés à 2 900 milliards par le FMI.
C'est dans ce contexte , que l'indice global des prix des ressources naturelles élaboré conjointement par le cercle Cyclope, spécialiste des ressources naturelles, et l'institut de recherche économique Rexecode prévoit un fléchissement de 3% en 2008. Plus précisément, le responsable de Cyclope, Philippe Chalmin avance qu'en moyenne, cette année, le zinc devrait reculer de - 38 %, le cuivre de - 32 %, le fret sec (transport de minerai par voie maritime) de - 22 %, l'argent de - 10 %, le caoutchouc de - 8 %, le plomb de - 7 %, le café et la laine de - 5 % le cuivre de - 2 % et l'aluminium de - 1 %. Mais, cela ne serait pas le cas de nombreux produits de base qui poursuivraient leur ascension : deux des ingrédients de l'acier, le charbon (+ 40 %) et le charbon à coke (+ 30 %) ; de nombreux produits alimentaires comme le soja (+ 22 %) et le blé (+ 10 %) ; bien évidemment l'énergie avec le gaz naturel (+ 12 %) et le pétrole (+ 3 %) et les métaux précieux emmenés par l'or (+22%).
Finalement, il s'agit d'une stabilisation des prix à un très haut niveau car, après une hausse moyenne de 14 % en 2007, l'indice Cyclope-Rexecode se maintiendra "à un niveau record, proche des niveaux de la grande crise précédente de 1974", ajoute P. Chalmin.
C'est le besoin en matières premières des pays émergents qui soutient la demande mondiale et plus particulièrement celui de la Chine. A cet égard, il faut bien prendre la mesure de l'évolution de la demande chinoise : en 1990, elle ne représentait que 5% de la production de cuivre et 3% de l’aluminium et du minerai de fer. Aujourd’hui, la Chine consommerait 47% de la production de minerai de fer mondiale, 32% de l’aluminium et 25% du cuivre. Seule exception : le pétrole, pour lequel les Etats-Unis sont toujours numéro 1.. Et, selon Tom Albanese, le PDG de Rio Tinto, ce chiffre pourrait s’élever, d’ici quelques années, à 58% du minerai de fer, 45% de l’aluminium et un tiers du cuivre. De quoi aussi à s'interroger : une telle position de force ne risque-t-elle pas de poser de sérieux problèmes aux autres pays ?