Corse : le principal centre de stockage des déchets est bloqué

Le Conseil exécutif corse reconnaît bien volontiers des "difficultés" dans la gestion des déchets de l'île, mais il défend une gestion publique des déchets ; il a appelé le 6 novembre dernier, la préfecture à ne pas autoriser deux projets privés de centres d'enfouissement de déchets.

Aussi, le Conseil exécutif a demandé mercredi à Josiane Chevalier, préfète de Corse, "de faire appel de la décision du tribunal administratif". Dans l'immédiat, le collectif de riverains Tavignanu Vivu (en référence à la basse vallée du Tavignano où se trouve le site), a fait appel devant la cour administrative d'appel de Marseille.

Dans un courrier daté du 7 octobre et adressé à Gilles Simeoni, président du conseil exécutif, la préfecture confirme envisager l'autorisation de ce projet connu sous le nom de Viggianello 2 (pour le distinguer de l'actuel CET de Viggianello), ceci afin "d'éviter une situation de crise sanitaire et environnementale", assurant que "la Corse sera confrontée à un déficit de stockage d'environ 80 000 tonnes en 2020 et 110 000 tonnes en 2021".
Si le Conseil exécutif reconnaît qu'en 2020, les déchets à enfouir "seront plus importants que les capacités d'absorption des deux CET actuellement en fonctionnement", il refuse tout net de "remettre le secteur du traitement des déchets entre les mains d'opérateurs privés qui seront en situation de monopole ou de duopole, en violation du modèle voté par la collectivité de Corse, qui privilégie une gestion publique".
L'instance défend, malgré "les difficultés de mise en oeuvre", son plan déchet qui prévoit de réduire de 60% les déchets à enfouir d'ici 2021 en augmentant le tri.

Un arrêté préfectoral pourrait être signé, sous huitaine, afin d'entériner la décision. Néanmoins selon le collectif, "la préfète justifie sa décision de signer l'arrêté préfectoral autorisant Viggianello 2 au nom de l'intérêt public et au motif de la lutte contre l'insalubrité". Dans un tract, il déclare que "si l'urgence de la signature était de ne pas avoir de poubelles dans les rues au printemps, laissons les dans les rues dès aujourd'hui".
Dans ce contexte tendu, la Communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien, a annoncé par voie de communiqué que "faute d'exutoire pour traiter les déchets, la CAPA ne peut plus assurer la collecte des ordures ménagères". En revanche, parce que le tri ne connait pas la crise, "emballages, papiers, verre, cartons et encombrants valorisables sont collectés puis triés". La CAPA demande donc aux habitants de poursuivre le tri et même de "trier au maximum (les) déchets, de garder (les) sacs gris d'ordures ménagers à demeure, et de se déplacer à la déchetterie pour les encombrants valorisables".


