1 français sur deux considère que les marques de téléphones portables pratiquent l'obsolescence programmée, c'est-à-dire qu'elles réduisent volontairement leur durée de vie (source : OpinionWay, février 2016). Pourtant, les résultats de cette étude montrent que 88% des téléphones qui sont remplacés fonctionnent encore. Près de 25 millions de téléphones portables sont vendus en France chaque année, entrainant la mise au rebut d'autant d'appareils, dont la plupart fonctionnent encore…
L'Ademe vient de publier un rapport, intitulé "Des tiroirs pleins de téléphones remplacés : consommateurs et objets à obsolescence perçue", dont l'objectif est d'étudier le renouvellement rapide des objets technologiques du point de vue des consommateurs, en se concentrant sur l'obsolescence perçue des appareils remplacés. Une enquête qualitative et une série d'enquêtes quantitatives ont été menées auprès de 2.000 répondants représentatifs de la population adulte.
Les résultats révèlent que ni changer son téléphone ni le conserver pour ne rien en faire ne pose problème aux consommateurs. Il s’agit d’une obsolescence choisie, et non pas subie, le problème environnemental n’est pas perçu. L’obsolescence perçue est d’ordre technologique, assortie d’une dimension sociale (ce que pense l’entourage), puis d’un détachement affectif. La moitié des téléphones remplacés sont conservés, quel que soit leur état de marche. Même s’il n’y a plus de valeur d’usage, le produit remplacé conserve une valeur aux yeux de son détenteur, la valeur résiduelle perçue, d’ordre utilitaire (ça peut servir), sentimentale (c’est un souvenir) ou économique (revente ou souvenir de la somme dépensée).
Pour ralentir le rythme de renouvellement et optimiser la circulation les produits remplacés ou leur recyclage final, une approche par segments est indispensable. En distinguant les souhaits et les représentations, il est possible d’offrir à chacun une voie qui concilie envie (ou pas) de nouveauté et optimisation des ressources, selon le degré et le type de sensibilité à l’obsolescence perçue et à la valeur résiduelle perçue.