Compostage : solution viable pour éliminer les carcasses d'animaux infectés
Le centre de recherche Lethbridge est l'un des plus importants du Canada en matière agroalimentaire. Certains de ces chercheurs, dont le scientifique Tim McAllister, travaillent à la mise au point d'installations spéciales de compostage dédiées à l'élimination et au traitement de manière sécuritaire des carcasses d'animaux infectés par des maladies...
Les scientifiques du Centre de recherches de Lethbridge d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), ainsi que ceux de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, du ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et du Développement rural de l'Alberta et de l'université de l'État de l'Iowa sont en train d'évaluer la viabilité et la sécurité de la technique du compostage pour traiter les carcasses d'animaux malades.
Dans le passé, les carcasses d'animaux infectés étaient enterrées ou brûlées, mais le paysage local risquait de ne pas convenir à ces méthodes et on s'inquiétait de la persistance de la maladie dans le sol. Le transport des carcasses vers un autre site afin qu'elles soient éliminées de manière appropriée augmente les risques de propagation de la maladie. De plus, le coût du transport des animaux morts a augmenté de manière considérable ces dernières années.Du coup, les scientifiques recherchent des moyens sûrs d'éliminer ces carcasses et le fumier à la ferme en cas de flambée de maladie animale contagieuse. Ils étudient aussi les méthodes existantes afin de détecter les agents infectieux qui demeurent dans le compost et élaborent de nouveaux outils d'évaluation. Par exemple, l'analyse des gaz émis durant le processus de compostage afin de déterminer si les données recueillies pourraient servir d'indicateur de l'efficacité de l'opération.
Des installations spéciales de compostage équipées d'une cuve intérieure en plastique dans un lieu sûr au Centre de recherches de Lethbridge ont été construites afin d'assurer le confinement absolu des matières. Les carcasses ont été placées sur un nid de paille sous lequel on trouve des tuyaux d'aération. Ont été également installés des thermocouples, des capteurs spéciaux de température et d'autres moyens de surveiller le compost et d'en prélever des échantillons. Les capteurs sont enfouis dans le compost et permettent de surveiller l'ensemble du processus. Par ailleurs, de nombreux essais sur le compost, y compris un test de dépistage d'ADN bovin qui permet de confirmer l'entière dégradation de la carcasse ont été réalisés..
Selon M. Tim McAllister (Ph.D.), scientifique qui dirige le projet. « Les résultats de recherche préliminaires sont très encourageants. Ces installations spéciales de compostage pourront offrir un moyen sécuritaire, efficace et économique d'éliminer les carcasses d'animaux et résoudre un problème qui tourmente les experts en santé animale depuis de nombreuses années. »
Au cours des expériences, les températures à l'intérieur du compost ont atteint 60 °C en une semaine et 80 p. 100 des tissus cérébraux s'étaient décomposés. Dans le cadre de cette recherche, les scientifiques ont également élaboré une méthode spéciale de détection de l'ADN bovin dans le compost. La présence ou l'absence d'ADN est considérée comme étant un indicateur du succès de la dégradation intégrale des carcasses. Les émissions volatiles du compost qui sont en majeure partie associées à la dégradation des tissus animaux ont été analysées à l'aide de la spectrométrie de masse.
Désormais, les futurs travaux de recherche tenteront de perfectionner les méthodes de détection des virus dans le compost, d'évaluer la composition des nutriments et la biosécurité du compost fini et de préparer du matériel de formation destiné aux équipes d'intervention en cas de flambée de maladie.
Les scientifiques ont aussi créé une vidéo, et ils travaillent à la mise au point d'un guide qui aidera les agriculteurs à construire des installations de compostage dans leurs exploitations pour éliminer les animaux morts non contagieux. À l'avenir, de petites installations de compostage à la ferme pourraient constituer une méthode économique et efficace qui permettrait aux producteurs canadiens de volailles et de bétail d'éliminer les animaux morts dans des conditions normales.