Compostage : la plateforme de Chambéry se modernise
La plateforme de compostage de Chambéry métropole permet de transformer en compost les déchets verts des entreprises, des collectivités et des déchèteries de l'agglomération. Chaque année, ce sont ainsi près de 80 000 m3 de déchets qui sont transformés sur cette installation située à Chambéry-le-Vieux, au lieu-dit Champlat. Et ces quantités ne cessent d’augmenter... Créé il y a 20 ans, la plateforme devait être modernisée et mise aux normes, pour ce qui concerne les rejets. Les travaux ont débuté en 2011, avec la création d’une station d’épuration, et se poursuivent fin 2012 - début 2013 avec le réaménagement global du site de compostage pour faciliter le fonctionnement et améliorer les conditions d’exploitation...
L'an passé, une station de traitement des eaux de ruissellement a été aménagée aux abords de la plateforme, avec la plantation de 750 m² de jardins filtrants (divers types de roseaux). Les rejets issus du compostage des déchets verts sont ainsi mieux traités, dans le respect des normes en vigueur. Chambéry métropole a financé cette installation d'un montant de 280 000 euros HT, qui a bénéficié d'une subvention de 81 870 euros de l’Agence de l’Eau.
Ce mode d’épuration, par jardin filtrant présente de nombreux avantages par rapport à un traitement physico-chimique : il s’intègre bien au site sur une surface contrainte, est respectueux de l’environnement et plus économique. Fait notable : l'utilisation de ce système d’épuration pour une plateforme de ce type est une première en France. En effet, c’est la première fois qu’on utilise un support organique pour filtrer l’eau (compost) combiné avec un jardin filtrant composé de 20 à 30 espèces, à la différence des stations d’épuration à roseaux habituelles (qui utilisent en général du sable ou du gravier avec une espèce de roseau). Cette nouvelle version du filtre planté est plus puissante et permet d’absorber des rejets avec des charges organiques très élevées, le tout dans un espace limité. De plus, les modalités de fonctionnement sont plus simples. De nombreux bureaux d’étude s’intéressent à cette solution et des visites techniques sont organisées régulièrement.
Les travaux de création du nouveau système d’épuration ont débuté en avril 2011, pour une mise en service en octobre dernier. Un quatrième bassin de réception des eaux de ruissellement a été réalisé afin d’augmenter les capacités de stockage du site. Des liaisons ont été mises en place entre ces bassins pour permettre une circulation hydraulique adaptée au traitement par lits de roseaux, et 2 d’entres eux ont été équipés de brasseurs-aérateurs (oloïdes). Le traitement par lits de roseaux consiste à faire circuler les eaux dans des bassins successifs offrant une activité épuratoire naturelle. Les bassins sont composés de substrats drainants et de roseaux au système racinaire très dense, sur lesquels se fixent les bactéries épuratrices. Les lits plantés de roseaux de la plateforme sont composés de 3 filtres verticaux et de 2 filtres horizontaux :
Les filtres verticaux assurent une percolation verticale des eaux permettant une filtration des grosses particules (boues) et un premier traitement par des bactéries aérobies grâce à un système d’aération (cheminées reliées à des drains). Les lits sont disposés en parallèle et fonctionnent en alternance, les périodes de repos étant indispensables au bon compostage des boues en surface.
Les filtres horizontaux en série acheminent quant à eux les eaux de manière horizontale dans le substrat drainant où elles subissent un second traitement biologique par des bactéries anaérobies dans un milieu pauvre en oxygène. Ces filtres permettent aussi l’élimination de la matière organique par l’intermédiaire des racines des roseaux qui assimilent ces nutriments.
La 2ème phase des travaux, qui devrait débuter à l’automne prochain, a principalement pour objectif d’améliorer l’exploitation du site où les déchets verts sont transformés en compost. Elle prévoit le réaménagement de l’entrée du site, l’installation d’un pont bascule permettant de mesurer les tonnages entrants, ainsi que la réalisation d’un enrobé sur une surface de 2 000 m² libérée d’un ancien pylône EDF pour améliorer les conditions d’exploitation, notamment la gestion des retournements des andains. Autres travaux prévus : le déplacement du hangar de maintenance du matériel (aujourd’hui localisé au centre du site), la rénovation de la clôture, la réalisation de mesures de bruit, la mesure de nouveaux paramètres des rejets (arrêté préfectoral du 13 janvier 2011), et l’installation d’un système d’aération forcée des tas de compost (andains) pour limiter les odeurs, accélérer le processus de compostage et réduire les retournements. Cette 2ème phase de travaux est estimée à 430 000 euros HT.