Compost d'algues vertes : en version inodore, svp…

Le 15/07/2013 à 16:12  
Compost d'algues vertes : en version inodore, svp…
 L'usine a été installée à Fouesnant dans le Finistère. Récemment inaugurée, elle est à même de traiter et composter 20 000 tonnes d'algues par an. Si les algues venaient à disparaître… les déchets verts et déchets organiques des ménages pourraient tout aussi bien faire l’affaire. Pour réaliser cet outil, 5 millions d’euros ont été mis sur la table…

 Peu de temps après avoir inauguré l’usine de traitement, elles sont arrivées, les algues! Comme chaque été, elles ont déferlé sur certaines plages bretonnes en particulier. Elles s’invitent puis pourrissent, dégageant ce faisant, du gaz à effet de serre et de l'hydrogène sulfuré…
Sauf que cette année, bernique ! Elles seront compostées de belle manière sur le site de Kerambris, et ne pourront donc pas, du moins en théorie, faire suer l’habitant ou l’estivant… La commune de Fouesnant, au sud de Quimper dans le Finistère, a en effet pris le taureau par les cornes ; elle a tout récemment inauguré (début juillet) son usine de traitement et de compostage des algues, une ICPE qui a pour particularité de confiner entièrement le processus ; du côté des odeurs, on y gagne...

Le projet du site de Crozon, également situé dans la région (2 millions d’euros, dont 750 000 via des aides extérieures charge l’Ademe 400 000 €, l'État 180 000 €, le conseil régional 130 000 € et le conseil général 40 000 €) avait été mis en œuvre pour désengorger la déchetterie de Plonévez-Porzay, notamment (elle avait réceptionné 9 399 m3 en 2012). Il s’agissait aussi de se lancer à grande échelle dans le compostage de ces algues, mélangées à des déchets verts, un compost qui était ensuite, proposé aux agriculteurs et particuliers intéressés.

Le centre en question, qui ne peut réceptionner que 2 500 tonnes d'algues vertes, 5 000 à 6 000 tonnes de déchets verts et 200 tonnes de fermentescibles qui sont collectées auprès des supermarchés, par exemple, dispose de cinq tunnels de fermentation : pas d’utilisation d’acide. Deux dômes à écorces suppriment les odeurs.
« Crozon a déjà testé le confinement, mais seulement pour l'étape de la fermentation et sur une installation de moindre capacité. Le confinement est essentiel aussi bien pour la trentaine d'employés du site que pour les riverains, puisqu'il assure une réduction sensible des nuisances olfactives », indique Franck Ysnel, directeur de la communauté de communes du pays fouesnantais.

 La toute nouvelle usine opèrera en priorité pour les communes de Fouesnant et La Forêt-Fouesnant, Concarneau. A titre exceptionnel, elle pourra être amenée à travailler pour d'autres communes, mais aux frais exclusifs de ces dernières. « Nous passons de 12 500 tonnes traitées par an à 20 000 tonnes. Avec des pointes à 4 000 tonnes par mois pendant l'été », ajoute Franck Ysnel, qui n'éhsite pas à mettre en avant le gain de temps du process.
Chaque commune collecte et apporte ses lots d'algues vertes : le poids, comme la fraicheur des algues sont scrupuleusement vérifiés (elles doivent avoir moins de 24 heures chrono); les lots sont clairement identifiés et répertoriés par commune. Les algues sont mélangées par moitié  « avec des déchets verts, afin d'éviter de créer des poches de gaz et des émanations ». Ce mélange de déchets  fermente pendant un mois ; à la suite de quoi, la mixture entre en phase de maturation, dans l'un des cinq tunnels en béton, lesquels sont confinés. Les gaz extraits sont traités et désodorisés.

Le compost qui résulte de la mise en oeuvre de ce process est distribué gratuitement (il est moins riche et contient donc moins de matières organiques) aux agriculteurs établis dans un rayon d'une quinzaine de kilomètres.
Le coût des travaux de l'usine, 5 millions d'euros (subventionnés à hauteur de 3,4 millions par l'État à travers l'Ademe), et celui du traitement des algues, 45 € la tonne, ont généré quelques critiques…

L’ICPE fait grincer quelques dents, et notamment celles de Vincent Esnault pour Europe écologie les verts (EELV) qui réagit à l'inauguration et à l'opération portes ouvertes : « annoncé à 3,5 millions d'euros (HT), le projet a dérivé pour atteindre 5,4 millions d'euros selon les propos du président de la CCPF. D'après nos élus, l'État devait prendre à sa charge 80 %. Au final, ce sera moins de 64 %, laissant à la charge des contribuables du Pays Fouesnantais plus de 2 millions d'euros. La CCPF aurait pu attaquer l'État au Tribunal administratif afin d'être remboursée, comme l'ont fait d'autres communes des Côtes d'Armor, à la fois pour le ramassage et le compostage. Nous l'avions demandé mais le maire de Fouesnant a repoussé l'idée. (...) Aujourd'hui des élus versent dans l'autosatisfaction en inaugurant une usine de compostage d'algues vertes, signe évident d'un échec de 15 ans de lutte contre leur prolifération d'origine agricole. (...)
Comme écrit dans le rapport d'enquête publique visant à régulariser l'exploitation illégale pour les algues vertes de Kerambris, ce projet sera en partie payé par notre facture d'ordures ménagères... Le volet curatif du plan algues vertes est clairement favorisé au détriment du volet préventif. Cet argent n'ira pas aider les agriculteurs qui veulent changer de système agricole
»…