Collecte pneumatique : Romainville ouvre le bal

Le 17/10/2011 à 13:34  

Collecte pneumatique : Romainville ouvre le bal
bornes de collecte pneumatique des déchets Ce weekend, la ville de Romainville (Seine-Saint-Denis) sera la première commune française à proposer à ses habitants un système encore peu connu qui consiste à collecter les déchets par aspiration souterraine. Elle a confié le marché à Veolia Propreté, partenaire du suédois Envac, concepteur du système (voir notre article). Réalisée dans le cadre d'une opération de rénovation urbaine, cette solution permet de déposer les déchets concernés (ordures ménagères, déchets recyclables) dans des bornes distinctes situées à proximité des habitations, puis de les acheminer par aspiration souterraine vers une unité de compactage...

 Ce système de collecte des déchets est relativement connu en dehors de nos frontières : Barcelone, Copenhague, Séville, Lisbone ou Taipeh en disposent depuis quelque temps et semblent satisfaites des résultats. Chez nous, c'est un début. A Romainville, l'installation concerne un périmètre donné du territoire communal : seuls les quartiers Marcel Cachin, Youri Gagarine, Amitié et Oradour, soit un total de 2 602 logements, sont concernés. "L’amélioration du cadre de vie, avec la suppression des bennes à ordures et des passages des camions de collecte aux premières heures du jour, ainsi que l’accessibilité à toutes heures et pour tous, dont les personnes à mobilité réduite, en font un moyen indéniable de réappropriation de l’espace public par les habitants de la commune. Ce système améliore également les conditions de travail des salariés des sociétés de collecte", assure la Ville. Le coût de l'opération s’élève à un peu plus de 10 millions d'euros TTC, dont 2,8 millions à la charge de la commune. Le financement est également assuré par la communauté d'agglomération Est Ensemble, la Région Ile-de-France, le FNADT (Fonds National d’Aménagement et de Développement du Territoire), l’Union européenne (FEDER) et l'Ademe.

 Concrètement, comment ça marche ?... Les bornes, qui sont situées à proximité des habitations et à une distance maximale de 50 mètres l’une de l'autre, sont placées par 2 au minimum : l’une permettant la collecte des ordures ménagères, l’autre des déchets recyclables. Les déchets collectés par aspiration souterraine sont compactés dans le terminal de collecte. Ces blocs compacts sont ensuite récupérés directement au terminal par des camions pour être emportés vers un centre de traitement. Les camions circulent donc une seule fois par jour. A noter : seul le verre reste concerné par la collecte traditionnelle par camions. L’ouverture en hauteur d’un diamètre de 26 centimètres permet de déposer des sacs de 30 litres. Des bornes dites "professionnelles", accessibles uniquement par une clé et permettant de recueillir des volumes plus importants, sont implantées sur la commune aux abords de lieux d’intense activité comme le marché du centre ou les équipements publics d'envergure et les grandes entreprises. Les 123 bornes de Romainville reposent sur un réseau enterré (à 2,80 m) de canalisations d’un diamètre de 50 cm qui achemine les déchets au terminal de collecte à une vitesse de 70 km/heure. Afin d'éviter tout incident, les bornes ne peuvent s'ouvrir lorsque les déchets sont aspirés.

 Quand un sac de déchets est déposé dans une borne, il est temporairement stocké dans une chute verticale au dessus d'une vanne de décharge. Toutes les bouches reliées au terminal de collecte sont automatiquement vidées à intervalles réguliers. Le système de contrôle démarre des ventilateurs et une aspiration est créée dans le réseau de conduites. Une vanne d'entrée d'air est ouverte pour générer un flux aéraulique permettant le transport des déchets dans les conduites. Une par une, les vannes de décharge situées sous les bornes sont ouvertes, les sacs de déchets tombent par gravité dans le réseau horizontal de conduites et sont aspirés vers le terminal de collecte. Les déchets tombent dans un compacteur, qui les comprime dans un conteneur étanche. Le flux d’air traverse ensuite des filtres épurant poussières et odeurs. Lorsque les conteneurs sont pleins, un camion standard les collecte pour les transporter et vidanger sur les lieux de valorisation et traitement. Le terminal ne traite donc pas directement les déchets et ne produit pas d'odeurs.

 Pour information, ce terminal est implanté à Romainville au 95/97 avenue de Verdun. Le bâtiment habillé de bois et de murs végétalisés, d’une hauteur totale de 10 mètres, bénéficie d'une bonne intégration urbaine et est doté d’un système de générateurs photovoltaïques permettant la production d’énergie "verte", de ventilateurs et de filtres à charbons actifs pour l’élimination des poussières et des odeurs. Les ordures collectées seront compactées et chargées dans les camions à l’aide d’un pont roulant.

 Outre Romainville, avec une extension possible aux Lilas, Veolia Environnement a en cours de travaux un service de collecte pneumatique dans l'éco-quartier du Fort d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) pour quelque 2 000 logements (3,6 millions d'euros d'investissement), avec une tranche conditionnelle dans l'éco-quartier des Epinettes à Issy-les Moulineaux. Veolia attend aussi les résultats de 2 appels d'offres pour équiper la ZAC des Bords-de-Seine à Issy-les-Moulineaux et le nouveau quartier des Batignolles à Paris. "C'est une mutation dans le mode de collecte des déchets et, pour Veolia Environnement, un vrai relais de croissance qui fait appel à de nouvelles technologies. [...] Toutes les grandes villes ont ce sujet en tête", souligne Michel Valache, DG adjoint France de Veolia Propreté. De son côté, le concurrent Suez Environnement, via sa filiale propreté Sita, a annoncé mi-septembre la mise en service d'une collecte pneumatique à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) d'ici la fin 2013 (voir notre article).