
La Guadeloupe produit environ 1.625 tonnes d’huiles usagées par an (hors EDF, d’après une estimation Ademe de 2009). Aujourd’hui, seulement 72% de ces huiles sont collectées, stockées, transportées par voie maritime puis valorisées en métropole. Ce taux de valorisation reste faible comparativement à la métropole, qui aujourd’hui collecte et traite près de 100% des huiles usagées (chiffres 2014). Considérant le fort impact de ces huiles sur l’environnement, l’Ademe a décidé de lancer une campagne de communication à destination des professionnels et du grand public pour améliorer significativement leur taux de collecte. L’enjeu est particulièrement important à Saint-Martin, où l’activité de collecte ne fait que démarrer…



De façon générale, les huiles usagées sont peu biodégradables : elles persistent donc dans le milieu naturel. Par ailleurs, elles restent en surface ; on estime ainsi qu’un litre d’huiles usagées peut couvrir une surface d’eau de 10.000 m2 et réduire l’oxygénation de la faune et de la flore sous-jacentes. Les conséquences dramatiques d’un rejet direct d’huile usagée dans l’environnement sont évidentes, d’où les efforts à ne pas relâcher concernant leur collecte. Une fois collectées, les huiles peuvent faire l’objet de 2 valorisations différentes : le recyclage ou la valorisation énergétique.
Le recyclage des huiles, aussi appelé régénération, consiste à extraire les éléments polluants des huiles usagées (essence, eau…) de façon à pouvoir réutiliser l’huile ainsi épurée. Les éléments extraits ne sont en revanche pas valorisables et il convient de les traiter dans des installations spécialisées. En 2014, 68% des huiles collectées en Guadeloupe ont été régénérées. Le second mode de valorisation est l’incinération, principalement en cimenterie. Le pouvoir calorifique des huiles est en effet estimé à 90% de celui du fuel lourd. Autrement dit, 10 litres d’huiles produisent autant d’énergie que 9 litres de fuel lourd.
Cependant, l’impact lié à la combustion dans de mauvaises conditions peut également être important, d’où la nécessité d’un contrôle fin du procédé de traitement. La teneur en composés aromatiques peut former, pour des températures de combustion trop faibles, des hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP) dont le pouvoir cancérigène a été démontré. La présence de chlore peut entraîner la formation de gaz chlorhydrique ou la combinaison avec des composés aromatiques pour former une multitude de composés parmi lesquels des polychlorobiphényles (PCB) et des dioxines. Un retraitement des fumées et des contrôles réguliers du milieu naturel proche de l’unité d’incinération s’avèrent donc nécessaires. En 2014, 32% des huiles collectées en Guadeloupe ont été valorisées énergétiquement dans le processus de production du ciment.

