Collecte des huiles usagées : l'Ademe communique

Le 26/05/2016 à 15:26  
Collecte des huiles usagées : l'Ademe communique
 La Guadeloupe produit environ 1.625 tonnes d’huiles usagées par an (hors EDF, d’après une estimation Ademe de 2009). Aujourd’hui, seulement 72% de ces huiles sont collectées, stockées, transportées par voie maritime puis valorisées en métropole. Ce taux de valorisation reste faible comparativement à la métropole, qui aujourd’hui collecte et traite près de 100% des huiles usagées (chiffres 2014). Considérant le fort impact de ces huiles sur l’environnement, l’Ademe a décidé de lancer une campagne de communication à destination des professionnels et du grand public pour améliorer significativement leur taux de collecte. L’enjeu est particulièrement important à Saint-Martin, où l’activité de collecte ne fait que démarrer…

 Dans les DOM-COM (Départements d’Outre-Mer / Collectivités d’Outre-Mer), les faibles tonnages en jeu et le coût du transport maritime jusqu’à la métropole pour valorisation augmentent fortement le coût de la collecte des huiles usagées. L’équilibre financier de la filière est donc assuré grâce à des fonds publics de l’Ademe. Le dernier dispositif d’aide en date, limité aux DOM-COM, est entré en vigueur en novembre 2012 pour une durée de 6 ans. L’indemnisation des ramasseurs ultramarins est désormais basée sur des coûts de référence d’un service optimisé de collecte et de transport. En 2014, c’est un budget de 475.000 euros qui a été consacré à la filière en Guadeloupe.

 La nouvelle campagne initiée par l’Ademe (jusqu'à fin juin 2016) a pour but de sensibiliser tous les détenteurs d’huiles usagées, professionnels comme particuliers, aux enjeux de la filière des huiles usagées et de les inciter à adhérer à cette démarche collective. Il s’agit, pour son volet professionnel, de fournir les outils leur permettant d’être au fait de la réglementation en la matière et d’agir en stockant dans de bonnes conditions les huiles usagées. Son volet grand public se matérialise par une campagne de sensibilisation incitant les particuliers, et notamment les "auto-vidangeurs", à rapporter leurs huiles de vidange en déchèterie sans les mélanger à d’autres liquides. Ainsi, l’enjeu de cette campagne de sensibilisation est triple : augmenter le taux de collecte ; assurer une collecte de qualité (huiles usagées non mélangées avec d’autres produits) ; susciter une pleine adhésion de chaque acteur de la filière.

 La Guadeloupe dispose de 8 déchèteries (Désirade, Saint-François, Moule, Sainte-Anne, Petit Pérou, Gabarre, Lamentin, Deshaies) et Saint-Martin d’une déchèterie (Galisbay), prêtes à accueillir les huiles usagées, en plus des habituels encombrants, D3E (ou DEEE, Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques), déchets verts… A cet effet, l’Ademe met à disposition du public une campagne d’affichage de proximité dans les points de vente de pièces détachées, une valise pédagogique pour les professionnels, ainsi qu’un site web dédié aux particuliers comme aux professionnels désirant s’informer sur la filière et les règles à suivre pour se débarrasser des huiles usagées de manière responsable et durable (voir ici).

 De façon générale, les huiles usagées sont peu biodégradables : elles persistent donc dans le milieu naturel. Par ailleurs, elles restent en surface ; on estime ainsi qu’un litre d’huiles usagées peut couvrir une surface d’eau de 10.000 m2 et réduire l’oxygénation de la faune et de la flore sous-jacentes. Les conséquences dramatiques d’un rejet direct d’huile usagée dans l’environnement sont évidentes, d’où les efforts à ne pas relâcher concernant leur collecte. Une fois collectées, les huiles peuvent faire l’objet de 2 valorisations différentes : le recyclage ou la valorisation énergétique.
 Le recyclage des huiles, aussi appelé régénération, consiste à extraire les éléments polluants des huiles usagées (essence, eau…) de façon à pouvoir réutiliser l’huile ainsi épurée. Les éléments extraits ne sont en revanche pas valorisables et il convient de les traiter dans des installations spécialisées. En 2014, 68% des huiles collectées en Guadeloupe ont été régénérées. Le second mode de valorisation est l’incinération, principalement en cimenterie. Le pouvoir calorifique des huiles est en effet estimé à 90% de celui du fuel lourd. Autrement dit, 10 litres d’huiles produisent autant d’énergie que 9 litres de fuel lourd.
 Cependant, l’impact lié à la combustion dans de mauvaises conditions peut également être important, d’où la nécessité d’un contrôle fin du procédé de traitement. La teneur en composés aromatiques peut former, pour des températures de combustion trop faibles, des hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP) dont le pouvoir cancérigène a été démontré. La présence de chlore peut entraîner la formation de gaz chlorhydrique ou la combinaison avec des composés aromatiques pour former une multitude de composés parmi lesquels des polychlorobiphényles (PCB) et des dioxines. Un retraitement des fumées et des contrôles réguliers du milieu naturel proche de l’unité d’incinération s’avèrent donc nécessaires. En 2014, 32% des huiles collectées en Guadeloupe ont été valorisées énergétiquement dans le processus de production du ciment.