CO2 : à quand l’injection sous le plancher océanique ?
Dans le but d'intégrer la thématique du changement climatique à la demande énergétique croissante des états côtiers, une nouvelle compagnie de construction de centrale électrique - SCS Energy - a élaboré un projet visant à capturer les émissions de dioxyde de carbone rejetées par la centrale afin de les injecter dans des formations calcaires du plancher océanique. Si l'utilisation de l'océan comme lieu de stockage des GES n'est en soi pas une nouveauté (rapport de l'IPCC), les projections financières ainsi que les risques liés au stockage à long terme avaient jusqu'à présent écarté la mise au point de telles centrales électriques.
Ce projet repose en grande partie sur les travaux entrepris par Daniel Schrag, géochimiste à l'université de Harvard et consultant pour SCS Energy. En effet, selon ses recherches publiées en 2006, M. Schrag identifiait les calcaires du plancher océanique comme l'une des meilleures formations géologiques présentant le moins de risques de fuite pour le stockage à long terme du dioxyde de carbone.
Le projet de la compagnie SCS Energy, basée dans le Massachussetts, consiste en la construction d'une centrale électrique fonctionnant au charbon et dont 90% du dioxyde de carbone émis sera capturé pour être injecté sous l'océan à plus de cent kilomètres de la côte au moyen d'un tuyau de 60 cm de diamètre. Stocké en état liquide dans les formations calcaires situées à plus de 1 km du plancher océanique, la pression exercée par l'océan ainsi que la boue entourant ces lieux de stockage devrait empêcher toute fuite vers le milieu extérieur comme cela pourrait être le cas sur le continent.
L'implantation retenue pour la centrale électrique est située aux abords de New York sur l'ancien site industriel de Linden dans le New Jersey, en face de Staten Island. Malgré les coûts conséquents de construction, estimés aux alentours de 5 milliards de dollars, SCS Energy affirme pouvoir rentabiliser son installation, notamment grâce au cout élevé de l'électricité dans ces états côtiers. Soutenue par le maire de Linden, cette centrale électrique devra cependant obtenir plus d'une douzaine de permis provenant des différents états du nord-est ainsi que des instances fédérales.
Si la bataille s'annonce dure, cette technologie n'ayant jamais été testée pour un si grand volume de stockage, le projet devrait cependant être débattu dans les prochains jours, lors d'une audition au Congres ainsi qu'au sein du département de l'Energie où le Président Barack Obama a mis en place un comité en charge de l'étude des nouvelles technologies pour la production d'énergies alternatives. SCS Energy espère ainsi servir de modèle pour la nouvelle génération de centrales au charbon.