Clemenceau : condamné à être démantelé en France ?
L'autorisation des services sanitaires britanniques sera-t-elle suffisante pour que la Haute Cour de Londres décide d'autoriser le démantèlement de la coque Q790, le Clémenceau, sur le chantier de la société Able à Hartlepool ? Pas si sûr, car la qualification d'exportation de déchets toxiques est tout autant d'actualité qu'en 2006. Rendez- vous à la fin du mois de septembre...
Lorsque l'association écologiste, les amis d'Hartlepool dépose en ce début de mois de septembre un recours devant la Haute Cour de Londres pour lui demander de statuer et s'opposer à l'autorisation britannique d'importer le Clemenceau en vue d'être démantelé sur le chantier de la société Able, on peut se dire que les mêmes causes engendrent les mêmes effets. Pourquoi en serait-il autrement au Royaume-Uni, qu'en Inde ?. D'ailleurs, aucune communication de la part des autorités françaises n'est venue expliquer les raisons du choix de la société Able en tant qu'adjudicataire du démantèlement de la coque Q790 ( voir ancien rédactionnel ). Et, si vous vous rendez sur le dossier du démantèlement du Clemenceau sur le site internet de la Marine Nationale, vous constaterez qu'il n'y a pas de mise à jour depuis le mois de février 2006. De quoi, à craindre une nouvelle bourde de la part du ministère de la Défense.
Mais, il est vrai, le problème est épineux... Souvenez vous des déclarations du dirigeant de la société belge Gallo lorsque Veolia avait indiqué qu'elle venait d'obtenir l'autorisation d'exploiter un centre de démantèlement de navires et de valorisation de matériaux à Bassens : " il n'existe aucun site en France pour effectuer cette activité (…) Les ports français ont rejeté l'idée de faire de la démolition navale." Dans ces conditions, n'y a -t-il pas une impasse ? Et en même temps, on ne peut pas croire qu'il ne soit pas possible de créer une véritable plate-forme de démantèlement en France. Il ne s'agit que d'une question financière.
Déclaration de Ian Ryder de l'association Friends of Hartlepool
Ce recours est « le début d'une nouvelle étape dans le combat des habitants d'Hartlepool pour empêcher que que leur communauté ne devienne la décharge internationale préférée des gouvernements et des industries polluantes. (...) Les déchets toxiques doivent être traités au plus près de l'endroit où ils ont été produits, et non transportés autour du monde pour être enterrés chez nous. » Le Clemenceau est l'un des plus gros et des plus infâmes navires toxiques d'Europe.
Réaction de la société Able UK
Les navires que nous traitons ne sont pas toxiques. Ils ont à bord, comme tous les navires, une petite quantité de déchets (...). Plus de 98 % des matériaux peuvent être réutilisés ou recyclés (...). Concernant le Clemenceau il est faux de parler de 760 tonnes d'amiante, il s'agit de 770 tonnes de matériaux contaminés par l'amiante De même, il n'y a pas 330 tonnes de PCB mais ce sont certains câbles électriques qui contiennent aux environs de 0,005 % de PCB.
Déclaration de Jean-Paul Hellequin, de la CGT des Marins à Brest au "Télégramme"
La France aurait pu se donner les moyens de déconstruire le Clémenceau. Des sociétés importantes, comme Veolia ou Suez, s'étaient fait connaître. A Brest, un groupement d'industriels s'était mis en place. La France a préféré retenir un chantier capable de faire le travail pour 3,5 fois moins cher. Le coût était le seul critère". Il ajoute que "la France ne peut prendre le risque de faire partir le Clem' pour qu'il se retrouve en mer pour une durée indéfinie. La procédure risque d'être relancée et la France obligée de déconstruire chez elle".