Citron : quand les déchets deviennent encombrants

Le 03/03/2011 à 13:14  
Citron : quand les déchets deviennent encombrants
Usine Citron à Rogerville Quand bien même il y a du nouveau, on ne peut que rire jaune : après la liquidation par le tribunal du Havre de la société franco-suisse Citron, en décembre, rien ou presque ne semble bouger. Or, l’abandon du site ne peut que générer des pollutions qui ne se régleront pas d’un coup de baguette magique… C'est sans compter la bravitude des éco-citoyens que nous sommes, qui allons sans doute devoir mettre la main à la poche, de sorte à remettre de l'ordre dans tout ça...

 Rogerville, dans la zone portuaire du Havre. À deux pas du pont de Normandie, en face d'Honfleur. Des tas, encore fumants… (voir Déchets : les gros pépins de Citron, encore...) alors que la société Citron (Centre international de traitement et de recyclage des ordures nocives), n’existe juridiquement plus…

Il faut dire que l'incendie survenu le 17 octobre (voir Incendie chez Citron) n'a pas simplifié la vie de l'entreprise... Loin s'en faut! « De nombreuses installations ont été détruites, raconte Annie Leroy, d'Écologie pour le Havre. Le sinistre a été aggravé par une propagation de fumées certainement toxiques. On peut également penser que la nappe phréatique et le canal du Havre, donc la baie de Seine sont touchés par les ruissellements ».
Ce qui fait que la préfecture de Seine-Maritime a immédiatement interdit l'usage du four à pyrolyse et donc l'entrée de nouveaux déchets. Une décision confirmée par le Conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques (CODERST) en décembre (voir Liquidation judiciaire de Citron. Avec à la clef, il est bon de le rappeler, 120 salariés au tapis... car mis à la porte, et puis le stock de déchets livrés sur site, restés sur le tarmac parce qu'ils ne seront pas traités par l'entreprise...

Cela étant, on bouge, côté juridictionnel : Michaël Brüggler, 43 ans, par ailleurs un habitué de Deauville (parce que bon joueur de polo, classé à la Fédération française et donc amateur des terrains de polo voisins), mis en examen notamment pour « faux et usage de faux, poursuite de l'exploitation d'une installation classée en violation d'une mise en demeure, mise en danger de la vie d'autrui, déversement de substances nuisibles dans les eaux souterraines et harcèlement moral » risque de devoir consacrer beaucoup d'énergie à plaider sa cause Au demeurant, fin février, entouré de ses deux avocats, il était devant le tribunal du Havre. France Nature environnement et Écologie pour le Havre l'attaquent pour plusieurs infractions commises entre mai 2009 et août 2010, affaire qui a été renvoyée à septembre.
 

Et puis, il y a les dettes... « En cumulant les amendes, les taxes non payées aux Douanes, l'Urssaf, les loyers dus au port du Havre, la dette de Citron doit approcher les 14 millions d'euros. »
La remise en état du site est estimée à 6 millions d'euros. On a d'ores et déjà débloqué près d'1,6 million d'euros. L'Ademe se devra de piloter le traitement des urgences absolues...
Cela étant, on n'ignore pas que l'implantation de Citron n'avait pas necessairement fait plaisir à tout le monde, à l'époque... De fait, le franco-suisse mettait quand même bien un peu les pieds sur le territoire de professionnels qui ne voyaient pas forcément d'un bon oeil que des centaines de milliers de tonnes de déchets toxiques passent sous le nez des CET de classe 1 et autres fournisseurs d'incinérateurs spécilisés dans le traitement des déchets toxiques chargés en métaux lourds...
Aussi, on peut se poser la question de savoir si un repreneur éventule pourrait s'intéresser au site et à ses équipements...  Il se trouve que Vinci et Véolia se seraient renseignés...