Le traitement des déchets n'est jamais une mince affaire ; alors, lorsqu'une usine de traitement toute neuve tombe en carafe, suite à un incendie n'ayant pas généré trop de dommages (mais dont la cause n'est pas clairement établie), et qu'en outre, il a été choisi d'attendre que les assureurs assurent avant de lancer les travaux, et bien on passe des mois à se débrouiller au mieux. C'est ce qui a été réservé à l'usine installée sur le territoire du Sietom de Chalosse, à Caupenne qui n'a repris du service qu'à l'avant veille de Noël quand le sinistre a eu lieu en juin. Inutile de préciser que ce grand moment a été vécu comme un cadeau...
14 millions d'euros hors taxes, dont 20 % financés par le Conseil général, et une augmentation de 5 % par an de la taxe d'ordures ménagères pour les usagers, répartis sur 125 communes et huit cantons, telle est la donne de départ. On ne peut pas appeler ça, un investissement au rabais.
C'est une unité de compostage des ordures ménagères résiduelles par tri-mécano biologique. Le process de l’installation comprend les étapes suivantes : réception / stockage des déchets entrants (les déchets sont réceptionnés en fosse sous un bâtiment fermé mis en dépression. Un pré-tri des déchets est réalisé avant une alimentation directe du bioréacteur par le pontier), préparation des déchets au traitement biologique (dans un tube de fermentation avec un temps de séjour moyen de 3 jours. Les déchets vont y subir un pré-conditionnement : ils vont lentement être mélangés et les actions mécaniques et biologiques combinées dans le tube vont provoquer la réduction granulométrique de la fraction organique), puis un tri (le déchet dégradé en sortie de tube de fermentation subit une étape de tri composée d'un crible rotatif avec une maille de 30 mm et d'un déferraillage par overband sur passant et refus de crible).
A la suite de quoi, on passe à la phase fermentation active, affinage (la succession du crible à effet trampoline et d'un balistiqueur permet d'éliminer les inertes et les éléments fins dans le produit entrant en maturation tout en maximisant les quantités de compost produites), maturation (étape complémentaire au processus de fermentation active qui permet de parfaire l'hygiénisation de la biomasse, d'augmenter le taux de matière sèche des produits et de finaliser la désodorisation) et enfin, stockage de l’équivalent de 6 mois de production de compost d'ordures ménagères résiduelles avant valorisation.
Quasi neuve, l’usine de Chalosse a pourtant cessé de traiter le déchet local ; inaugurée fin 2011, elle a été victime en effet, d’un incendie le 16 juin dernier, au niveau d'un tapis roulant, en sortie du bioréacteur. Depuis cette date, les sueurs froides sont de rigueur : on a stoppé net les machines et enfoui les déchets (près de 8 000 tonnes), faute de mieux, tandis que les habitants ont été invités à trier un max pour limiter la mise en décharge au strict nécessaire.
Selon le syndicat, l'externalisation temporaire de leur traitement aurait alourdi la facture de 35 000 euros par semaine. Sans compter qu’il paraitrait que le syndicat a dû éponger une franchise de 100 000 euros pour les travaux de réparation du sinistre.
Côté travaux, parlons-en, on n’a pas été déçus : on est passé d’un montant estimé d’environ 200 000 euros à près d’un million ! De quoi tomber à la renverse.
Il n’en demeure pas moins qu’elle a enfin redémarré, en toute fin d’année et qu’elle remonte peu à peu en charge, à la grande satisfaction de la présidente du Sietom, Odile Lafitte, également conseillère générale du canton d'Amou.
Il est à craindre que la compagnie d’assurance n’ait pas bien compris la nécessité d’assurer un service public. Hélas…
Mais il est heureux en tout cas, que l’assureur en question n’ait pas choisi de se retourner contre le constructeur de l'usine, Urbaser environnement, ou l'un de ses sous-traitants, ce qui aurait sans doute engendré d’autres formes de procédures, avec à la clé, un chantier qui n'aurait sans doute jamais été terminé pour Noël.
Les travaux sont réalisés et c’est tant mieux ! Il n’empêche qu’elle doit traiter environ 320 tonnes de déchets par semaine et qu’il n’est pas prévu au programme de traiter les tonnes en fouies : 200 000 euros de préjudice financier environ pour la collectivité ! Vous parlez d'un cadeau!