Centre de stockage de GDE : 10 ans de combats et 26 décisions de justice...
Le centre d’enfouissement de résidus de broyage automobiles du géant du recyclage Guy Dauphin Environnement (GDE) situé à Nonant-le-Pin, dans l'Orne, ne peut être exploité, depuis octobre 2013, parce que bloqué par les « anti-GDE », regroupés en associations (Nonant Environnement et Sauvegarde des terres d’élevage, localement, Zéro Waste France et France Nature Environnement (FNE) pour ce qui est de la représentation associative nationale) : pour les opposants, l'industriel a installé le site sur une nappe phréatique, ce qui constitue un contexte géologique fragile, du fait des risques d'inondations et donc de pollution des eaux , ce que conteste depuis des années le recycleur, faisant valoir qu'une couche d’argile de plus de 100 mètres de profondeur, rend l'installation parfaitement viable et non inondable.
Depuis lors, expertises, contre expertises, procédures au civil, au pénal, et en droit administratif... et un véritable imbroglio judiciaire avec des décisions de justice qui donnent tantôt raison à l'industriel, tantôt à ses opposants (le conseil d’État et la cour de cassation ayant penché en leur faveur), tandis que de nombreux « politiques », députés, président de région, ministre se sont eux aussi, emparés de l'affaire : un médiateur a d'ailleurs été mandaté pour établir un rapport.
Il reste que ce site a engendré une quarantaine de procédures (dont une quinzaine sont encore en cours), ce qui constitue une sorte de record...
Côté ministère on a rappelé une situation géologique et hydrogéologique du site « très particulière car située dans une cuvette ». et « des solutions techniques ont été proposées par GDE mais elles ont montré leurs limites ».
Côté associatif, les avocats ont mis l'accent sur la « désinvolture totale » de l’industriel, qui a fait preuve de « dissimulation systématique » dans le cadre de l’instruction de son dossier.
Côté GDE, après que le Directeur général Hugues Moutouh a rappelé le montant de l'investissement (30 millions d’euros) pour la mise en œuvre de ce projet vieux de 10 ans (c'est en effet en 2006 que le recycleur a acheté 50 ha pour implanter son centre de tri et de stockage, qui était sensé réceptionner 150 000 tonnes de déchets par an, pendant 17 ans, soit un total de 2,3 millions de tonnes), mettant en garde les juges nantais contre « l’insécurité juridique » dans laquelle ils pourraient plonger « tous les industriels de France » s'ils en venaient à annuler une autorisation qui a bel et bien été délivrée, on a justifié le choix du site par la voix de maître Harada, qui a sollicité la réouverture de l'instruction sur les base d'un rapport que l'industriel juge favorable
« La cour appréciera si des éléments nouveaux sont de nature à rouvrir l'instruction », a conclu le président, avant d'annoncer que la décision sera rendue vendredi 20 mai, à 14h.
Si les avis des rapporteurs publics sont généralement suivis par les juges, il a fallu néanmoins attendre hier, pour connaître la décision de la cour. Comme l’avait préconisé son rapporteur public, la cour administrative d’appel de Nantes a donné raison aux opposants de l'installation et a pris une décision historique : l'annulation de l’autorisation d’exploiter, qui avait été accordée à GDE, notamment en raison des risques de pollution des eaux. Ce qui constitue la 26ème décision de justice, et non des moindres, concernant cette affaire.
La société GDE a immédiatement fait savoir qu'elle engage un recours en cassation devant le conseil d’État pour demander l’annulation de l’arrêt prononcé ce 20 mai 2016.