Carton ondulé : un retour à l’équilibre en 2011 ?
L’Ondef (association française représentant les industriels de l’emballage en carton ondulé) annonce une croissance de 3,9% de la production en 2010. Attention toutefois : touchée de plein fouet par la flambée du prix des matières premières, à laquelle s’ajoute une hausse de tous les postes d’exploitation, la filière ne devrait pas échapper à un réajustement de ses prix de vente, seul moyen de restaurer des marges dont l’évaporation pourrait mettre en péril de nombreuses cartonneries...
On s'en souvient, 2009 avait été une annus horribilis pour beaucoup d'industries et notamment celle du carton ondulé : elle s’était soldée par un retrait de l’activité de 15,1% par rapport à 2008, avec comme conséquence une réduction des capacités et effectifs (voir notre article). L'année 2011 semble mieux se présenter : l’Ondef vient d'annoncer un rattrapage de 3,9% en volume à fin 2010. Néanmoins, ces chiffres encourageants ne sauraient cacher une profonde inquiétude quant à la nécessité de restaurer une rentabilité durement détériorée : entre 2007 et 2010, le chiffre d’affaires de la filière a en effet reculé de 10%, tandis que les volumes perdaient 7,4%. Rappelons au passage que l'Ondef représente plus de 90% du marché français de l’industrie du carton ondulé, soit une quinzaine de groupes, 11 000 salariés, et un chiffre d’affaires annuel de 2,5 milliards d’euros.
Le choc de 2008-2009 a été d’autant plus rude que le prix des PPO (Papiers pour ondulés) s’est envolé, comme l’attestent les indices PPI/EUWID établissant une augmentation de l’ordre de 90 à 110% entre août 2009 et janvier 2011, principalement due à une forte demande chinoise pour les papiers et cartons provenant de la récupération et à la hausse du prix de la pâte (voir notre article). Cette flambée du prix des matières premières s’accompagne de celle de tous les coûts d’exploitation enregistrée au cours des 20 derniers mois : +40% sur le gazole, +16% sur l’énergie, +32% sur le pétrole et +80% sur l’amidon. L’impact cumulé de ces hausses a donc conduit sur la période à une augmentation des prix de revient de l’ordre de 30 à 40% selon les produits.
Bon an mal an, 2010 est l'année du redressement (voir Papier carton: le plus dur est passé, mais...)... A l’image des autres segments de l’emballage papier carton, ce secteur, premier en volume de l’industrie papetière, a vu son marché se redresser fortement en 2010, en Europe de l’Ouest (environ + 5% en volume), mais avec des situations un peu différentes selon les pays.
En France, la reprise est de près de 5,7% de consommation apparente (et + 4% en demande réelle), du fait d’un premier semestre d’année en très forte reprise.
Malgré cette forte demande, dont témoigne la baisse constante des stocks en 2010, la production française bien qu’en redressement a continué de souffrir de restructurations : fermeture d’une usine fin 2009, et arrêt prolongé d’un site, ainsi que difficultés financières majeures pour une société l’an dernier…
Au final, la production a augmenté de seulement + 3,9% en 2010 (après le recul marqué de 2009).
Ces réductions de capacité ont affecté les exportations françaises de papier pour ondulé qui, contrairement aux autres segments du papier carton d’emballage, baissent en 2010 de près de 3%. Dans le même temps, toujours pour les mêmes raisons, les importations s’accroissent de + 2 ,7%, moins vite cependant que le marché…
"Dans la conjoncture actuelle, il apparaît inévitable de répercuter au marché la hausse sans précédent de nos coûts d’exploitation : la restauration des marges évaporées au cours des mois de récession est devenue une condition de survie pour nombre de nos entreprises. Néanmoins, nous restons optimistes, car le carton ondulé a encore de belles années devant lui : propre, léger, 100% recyclable, ce matériau possède des qualités exclusives qui lui ouvrent des perspectives de plus en plus vastes : dans la grande distribution les produits de PLV (Publicité sur le lieu de vente) et de PAV (Prêt à vendre) sont devenus des outils majeurs de marketing et d’optimisation de la productivité, la palette en carton, écologique, maniable et légère affirme sa supériorité", indique Jean-Marie Paulte, Président de l’Ondef.