Captage et séquestration du carbone : un remède pire que le mal ?

Le 06/05/2008 à 12:36  

Captage et séquestration du carbone : un remède pire que le mal ?
stockage de CO2 Piéger le CO2 et le stocker sous la mer ou dans la terre : l'idée semble séduisante et plus que prometteuse (voir notre entretien). Cependant, on vient d'apprendre que le captage et la séquestration du carbone (CSC) poserait de nombreux problèmes. Une fois de plus, c'est Greenpeace qui tire le signal d'alarme et met le doigt là où ça fait mal, en publiant un rapport intitulé : "Faux espoir. Pourquoi le captage et la séquestration du carbone ne sauveront pas le climat"...

Tout d'abord, selon ce rapport, la technique du CSC ne sera pas prête à temps pour éviter les pires impacts des changements climatiques. En effet, elle ne sera pas disponible à grande échelle avant 2030. Or, il n'est pas question d'attendre jusque-là : selon le GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat), les émissions mondiales de GES doivent diminuer à partir de 2015. De plus, si l'on adopte cette technologie, 10 à 30% de combustibles fossiles supplémentaires devraient être brûlés pour arriver à produire la même quantité d'énergie. A grande échelle, voilà qui risquerait d'annuler les gains d'efficacité des 50 dernières années et augmenter d'un tiers la consommation des ressources.

problème Autre problème : ce procédé coûte très cher. Il risque de doubler le coût de fonctionnement d'une centrale et, par conséquent, d'aboutir à une augmentation du coût de l'électricité de 21 à 91%. De plus, les sommes consacrées au CSC réduiront d'autant les investissements pour les solutions durables aux changements climatiques. Dernier point à souligner : la présence de nombreux risques, car il est impossible de garantir un stockage sûr et permanent du CO2. Cette technologie constituerait donc une menace pour la santé, les écosystèmes et le climat. L'importance de ces risques reste difficile à cerner précisément, mais stocker du carbone sous les mers risque par exemple d'accélérer l'acidification des océans et de nuire à de nombreux organismes, voire à des écosystèmes entiers, situés à proximité des zones d'injection.

Au lieu d'investir de l'argent public dans un "remède" qui pourrait s'avérer pire que le mal, les décideurs politiques doivent miser sur les véritables solutions que sont l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables, conclut le rapport de Greenpeace. Les experts du GIEC affirment qu'il faut contenir l'augmentation globale de la température en deçà de 2°C d'ici à 2100, si l'on veut éviter des dérèglements climatiques incontrôlables. Selon l'organisation écologiste, relever ce challenge n'a rien d'impossible : "En combinant mesures d'efficacité énergétique et développement massif des renouvelables, on pourrait diviser par deux les émissions mondiales de GES d'ici à 2050 et de répondre à la moitié des besoins énergétiques mondiaux."

Pour en savoir, vous pouvez consulter la synthèse de ce rapport (PDF - 159 Ko).