Critiquer un industriel et le process de captage de biogaz mis en oeuvre peut donner des sueurs froides. Pour preuve, Ikos, entreprise établie en Seine Maritime, spécialisée dans les déchets, réclame 271 000 euros à un conseiller général. Du jamais vu... Il semble qu'il y ait un début à tout...
Il est conseiller général du canton d’Hucqueliers dans le Pas-de-Calais et se nomme Jean Wallon. Il a été assigné au tribunal de Grande Instance de Boulogne sur Mer, en novembre dernier « pour nuisances à la société Ikos », laquelle réclame 271 000 € en dommages et intérêts… Il s'agit d'une action en responsabilité personnelle à l'encontre d'un élu, une première dans le genre, Ikos lui reprochant d'avoir tenu des propos publics de nature à mettre en péril l’entreprise et à menacer ses emplois.
Le président du Conseil général nordiste, Dominique Dupilet, n'en revient pas. Et pourtant, en 35 ans, il en a vu d'autres... De fait, en assemblée plénière qui s'est déroulée à Arras en ce début de semaine, Jean Wallon a demandé la protection juridique du Département. L'objet de l'action en justice? Le centre de valorisation des déchets, implanté depuis douze ans à Bimont, près d’Hucqueliers : il réceptionne les ordures ménagères du Montreuillois, mais aussi une partie de celles du Boulonnais ou du Ternois, et surtout, il n'a jamais fait l’unanimité, loin s'en faut. Son histoire est ponctuée de nombreux (une vingtaine) recours devant le tribunal administratif, de pratiquement autant de condamnations et il ne fonctionne que par le biais d'autorisations provisoires d’exploitation, délivrées par la préfecture.
Jean Wallon, aujourd'hui dans le collimateur de Paul Lhotellier, président directeur général d'Ikos Environnement a toujours été un opposant à l'installation.
Il est reproché à l'élu d'avoir diffusé des informations jugées confidentielles au bénéfice de la concurrence. Le site, qui dispose d'une capacité de 90 000 tonnes par an n'en traiterait en réalité que 50 000... de ce fait, il subirait des pertes d'exploitation non négligeable (plus de 2 millions d'euros en cinq ans). Ikos y a installé un process qui capte le biogaz produit par les déchets, lequel alimente cinq turbines qui produisent de l’électricité injectée dans le réseau EDF : on a reproché aussi à l'installation d'avoir généré des odeurs on ne peut plus désagréables pendant un temps qui a été jugé bien trop long par le voisinage...