Canada: il y a du plomb (et du mercure) dans l'air
La rivière Athabasca, dans la province d'Alberta serait fortement polluée par l'industrie des sables bitumineux, selon une étude rapportée dans Reuters. Le bras de fer qui oppose le gouvernement et les industriels aux écologistes et chercheurs montre que le consensus sur l'origine de la pollution n'existe pas. Des substances toxiques sont en tout cas retrouvées dans les eaux, contaminant les poissons, qui sont, pour une grande partie, consommés. Malgré des preuves tangibles publiées dans ce document, le gouvernement persiste à invoquer des raisons naturelles...
La rivière Athabasca, dans la province d'Alberta serait fortement polluée par l'industrie des sables bitumineux, selon une étude rapportée dans Reuters. Le bras de fer qui oppose le gouvernement et les industriels aux écologistes et chercheurs montre que le consensus sur l'origine de la pollution n'existe pas. Des substances toxiques sont en tout cas retrouvées dans les eaux, contaminant les poissons, qui sont, pour une grande partie, consommés. Malgré des preuves tangibles publiées dans ce document, le gouvernement persiste à invoquer des raisons naturelles...
L'étude a été menée par deux biologistes, dont l'écologiste canadien David Schindler, dans la prestigieuse revue académique américaine Proceedings of the National Academy of Sciences. Ils ont identifié 13 éléments toxiques, dont du mercure, du plomb, de l'arsenic rejetés dans le cours d'eau. Les taux les plus élevés de ces substances se trouvaient près des zones de traitement des sables bitumineux. La conclusion de l'étude établit clairement un lien de cause à effet entre ces sables et la présence de produits toxiques. Cela contredirait donc les propos du gouvernement de la province d'Alberta, qui affirme que ceux-ci apparaissent naturellement.
Toutefois, le gouvernement en question affirme qu'une partie de la contamination puisse provenir de l'industrie. Mais il affirme ne pas avoir assez d'informations pour savoir réellement si elle en est la cause principale. C'est un peu une façon de noyer le poisson dans l'eau...Selon les mots du ministère albertain de l'Environnement, Kim Westcott, "Il est très difficile, dans bien des cas, d'attribuer les tendances à la qualité de l'eau à un seul facteur". Certes, mais les enjeux des industriels locaux entrent aussi en ligne de compte.
Déjà en 2008, l'équipe de David Schindler avait installé des stations de surveillance sur l'Athabasca et quelques uns de ses affluents. Certaines de ces stations ont été installées en amont des sables et des raffineries, d'autres au milieu des sables, ou encore en amont et en aval des raffineries. Des concentrations pétrochimiques ont été découvertes dans l'eau, avant qu'elles ne passent près des raffineries, spécialement en cas de nouvelles constructions. De plus, les niveaux de concentration des métaux augmentaient au printemps, alors que les dépôts emmagasinés durant l'hiver sont évacués en aval durant la fonte des neiges.
L'étude suggère que la contamination par les raffineries des sables bitumineux est approximativement cinq fois plus importante que les chiffres dévoilés par l'industrie. Néanmoins, les concentrations en métaux restent sous les seuils de danger pour les êtres humains. Ces chiffres sont néanmoins plus élevés que les seuils fixés par le Conseil canadien des ministres de l'Environnement pour protéger les écosystèmes marins. L'écologiste David Schindler souhaite voir le gouvernement fédéral s'impliquer davantage pour protéger la rivière. Nous verrons s'il sera entendu...