Bois : la cagette est pleine !

Le 04/05/2009 à 15:25  

Bois : la cagette est pleine !

Jacques Brossillon Dans l'ordre des choses, le calme revient toujours après la tempête... Sauf qu’un vent fort semble souffler au sein de la profession des emballages légers en bois : les aides, accordées à la suite de la tempête Klaus, laissent ces professionnels sur le carreau. N’y trouvant pas leur compte, ils sont loin d’être emballés et le font savoir par la voix du président de leur syndicat, Jacques Brossillon …

Le petit monde de la cagette, du cageot et autres emballages en bois, affiche son raz le bol tant la coupe est pleine ; le Syndicat des industriels de l’emballage léger en bois, SIEL, le fait donc savoir.

Les entreprises de transformation du bois ont reçu fin avril un appel à projets du gouvernement leur permettant d‘accéder aux aides décidées après la tempête Klaus. Déçus, ces professionnels estiment que leur profession n’a pas vraiment été prise en compte. Après plus de 30 ans de déclin, la profession se manifeste et revendique le droit d’être aidée, comme les autres, pour reconquérir ses parts de marché.

Le ministère de l’agriculture et de la pêche a lancé fin avril un appel à projetn destiné à aider les entreprises de première transformation du bois dans leurs investissements. « Chez les entreprises spécialisées dans la production d’emballages en bois, la nouvelle n’est pas complètement réjouissante » : Jacques Brossillon, président du SIEL, explique que les représentants de sa filière auront du mal à tirer profit des aides. Et pour cause! « Le niveau d’éligibilité des projets a été fixé à 10 000 tonnes pour le peuplier et à 50 000 tonnes pour le pin. Ce qui représente des volumes trop importants pour la plupart de nos entreprises, des PME qui ne traitent pas de telles quantités ». Dans ces conditions on peut comprendre qu’elles ne soient pas emballées.

Ces aides contre projets, ont été lancées dans le cadre du plan d’aide annoncé par Nicolas Sarkozy peu de temps après le passage de la tempête Klaus dans le grand sud-ouest, fin janvier dernier. Les modalités d’application avaient été précisées une quinzaine de jours plus tard, le 13 février, par Michel Barnier, ministre de l’agriculture : le « Plan chablis 2009 » prévoyant 500 M€ pour sortir le bois des parcelles sinistrées. Ces aides, les fabricants d’emballages en bois auraient bien aimé pouvoir en bénéficier plus facilement, d'autant que leur profession, fortement concurrencée par le plastique et le carton, n’a cessé de perdre des parts de marché depuis plus de trente ans. « Principalement destiné à l’emballage alimentaire, provenant à 95% du peuplier et pour les 5% restant du hêtre ou du pin, le bois sert à fabriquer des cagettes, barquettes, bourriches, boîtes à fromage… On comptait plus de 400 industriels en 1975, nous ne sommes plus qu’une cinquantaine », précise Jacques Brossillon.
Bon an mal an, le SIEL affirme que son activité génère environ 6000 emplois directs et/ouinduits, au sein d’une filière bois qui en compte 450 000 dans son ensemble.

Cela étant dit, le déclin semble avoir été stoppé au cours de ces dernières années : dans l’alimentaire, les parts de marché sont stabilisées aux alentours de 15% à 20%. « Le plastique commence à perdre des parts au détriment du carton et du bois », confirme le président du SIEL.
Bref : les industriels du secteur repartent à la reconquête de leur marché ; en misant sur l’élan né du Grenelle de l’environnement, ils escomptent relancer la machine.

L'argument fort est celui du développement durable des territoires. « Nous sommes implantés en zone rurale, nos PMI constituent le plus souvent le principal employeur du village. Nos entreprises sont localisées dans les vallées du Rhône, de la Loire et de la Garonne, c’est-à-dire à proximité à la fois des peupleraies et des zones de production agricole ».

Ils misent également sur leur empreinte environnementale, qui affiche un bilan carbone passif de leur filière, bilan réalisé en 2008 selon le système validé par l’Ademe. Merci les peupleraies : c’est au moment de la croissance des peupliers que leur production en oxygène est la plus élevée! Si l'on ajoute à cela que la peupleraie est renouvelée tous les 10 à 15 ans, âge auquel l’arbre parvient à maturité et peut-être « cueilli », et non pas « coupé », on en a les bras sciés.

Et puis, faut-il rappeler les études scientifiques qui permettentà la profession de venter les mérites sanitaires de l’emballage en bois en faveur des produits frais : résistance au froid et à l’humidité, absence d’impact notamment aromatique sur les aliments, conservation de l’humidité des produits emballés et surtout, propriété antibactérienne du bois.

Il convient également de rappeler que le bois est un matériau entièrement recyclable...
On l'aura bien compris, le SIEL entend valoriser ces atouts, et ce, en obtenant du ministère de l’environnement une reconnaissance officielle de l’emballage en bois sous la forme d’un label ou d’une norme.

Pour l'heure, il reste fort à faire sur le terrain: il faut encore sortir les « volis », les arbres coupés au niveau du tronc par la tempête et les « chablis », les arbres déracinés par la tempête, des exploitations sylvicoles. Il est bon de rappeler en effet que le bois reste exploitable pour certaines utilisations, la valorisation énergétique pour les chaudières à bois par exemple, la jardinerie pour la production de compost ou la création de massifs et, pour ce qui est du peuplier, de la production d’emballages.

Les fabricants touchés par la tempête ont bien compris l'intérêt de développer les emballages en bois : ils se sont récemment adressé à la grande distribution pour l’inviter à utiliser davantage ces emballages et proposent de créer des emballages estampillés « bois issus de la tempête » espérant susciter un geste de solidarité de la part des consommateurs. Une mise en œuvre qui selon eux permettrait d’offrir des débouchés à leurs entreprises et aux sylviculteurs sinistrés, tout en favorisant l’image de marque des grandes enseignes.
« Nous avons reçu très peu de réponses et une seule d’entre elles pourrait déboucher », commente déçu Thierry Péré, président de Grow International, structure associée au SIEL en charge du recyclage. A Perpignan, la semaine dernière du salon international d’affaires des fruits et légumes de l’Euroméditerranée, il a cependant pris acte de la volonté des représentants des instances professionnelles de la grande distribution d’inciter les enseignes à donner une suite favorable à cette démarche...