Bois-énergie : petit focus sur les grands défis de la filière
Le bois est, après l’hydraulique, l’énergie renouvelable la plus utilisée, avec 7% de la consommation énergétique primaire en France. Après un recul observé dans les années 1980, la consommation en bois-énergie connaît un nouvel essor, soutenu par des politiques publiques favorables au développement de la filière, ainsi que l’évolution des techniques et des modes d’utilisation : le recours aux nouveaux types de combustible (plaquettes, granulés) se développe et les implantations de chaufferies collectives ou industrielles se multiplient, portées par les collectivités soucieuses de développer leur territoire d'une manière durable...
Dans ce contexte, comment une intensification de la pression sur la ressource, liée à l’accroissement de la demande, s’articule-t-elle avec les autres fonctions de la forêt (économie, biodiversité, loisirs...) ? Quels sont les acteurs impliqués dans la filière, leurs contraintes, et comment s’organisent-ils à l’échelle d’un territoire ? Afin d'apporter des éléments de réponse, le projet Benefits, piloté par Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture) et soutenu notamment par la Région Auvergne dans le cadre du programme PSDR, a analysé l’organisation des chaînes d’approvisionnement en bois-énergie, leur articulation avec les politiques locales de développement et proposé un outil d’évaluation de leur impact environnemental.
En matière de développement du bois-énergie, l’enjeu consiste à rendre compatibles diverses approches, forestières, territoriales, industrielles. En ce sens, les territoires, à toutes les échelles, ont un rôle essentiel à jouer dans le partage équitable et la bonne valorisation technique de leur ressource naturelle 'bois', qui ne peut, par nature, suffire à répondre à l’ensemble des besoins énergétiques de notre société. Ainsi, le partage pertinent entre des unités de valorisation de tailles diverses (de la chaudière individuelle ou la chaufferie collective à la centrale génératrice d'électricité) relève notamment autant de choix politiques que de techniques.
Les chaînes d’approvisionnement en bois-énergie se distinguent par le type d’utilisateur (particulier, entreprise ou collectivité), la nature du combustible (granulé ou bois déchiqueté), le type d’opérateur (coopérative, scierie...) et le type d’approvisionnement. Ces chaînes se structurent en réponse à une demande, celle d’un propriétaire de chaufferie par exemple, ou par la mobilisation des acteurs de l'offre qui nouent des partenariats en vue de remporter des marchés. Le transport du bois-énergie, issu de déchets de coupes, de chutes de scierie et par conséquent assimilé à un sous-produit de l’exploitation de la forêt, coûterait cher économiquement et écologiquement. Tous les acteurs en sont conscients et, de fait, s’insèrent dans des circuits de proximité pour produire et valoriser localement cette ressource. Cependant, en Auvergne, la fragmentation de l’offre en bois-énergie sur le territoire entrave le déploiement de la filière ; un nouvel essor pourrait lui être donné par une incitation des propriétaires forestiers à se regrouper.
Afin d’éclairer les collectivités locales sur l’impact des interventions en forêt lié au développement du bois-énergie, un outil d’évaluation a été mis au point, reposant sur 3 points clés : la sensibilité environnementale, économique et sociale (perception du public et usagers des chemins...) des peuplements forestiers à une récolte orientée sur le bois-énergie ; la qualité du chantier d’exploitation lui-même, notamment son impact sur les peuplements et leurs environs, sur le sol ; la rentabilité du chantier et son lien à l’économie locale. En Auvergne, 70% des 23 chantiers étudiés répondent ainsi favorablement à ces 3 critères et sont ainsi qualifiés de bonne qualité. Le développement du bois-énergie apparaît ainsi étroitement lié à l’ensemble du système 'forêt, filière-bois et territoires', dépendant d’un équilibre à ajuster entre la gestion durable de la forêt, la bonne organisation des chaînes d’approvisionnement et l’utilité sociale de l’ensemble.