Ou pour être plus précis, ce sont les prix de la matière originale, celles que les entreprises entrent sur leurs chantiers pour les transformés en matières premières qui connaissent aujourd’hui des prix effarants. Le prix de vente ne suivant pas, ce sont évidemment les marges qui trinquent. Ce sont donc des professionnels particulièrement inquiets qui se sont réunis la semaine dernière à Barcelone dans la cadre du Congrès du BIR pour faire le point sur ce marché.
Pour Olaf Rintsch, le marché de l’original, entendez celui de la matière première des entreprises de recyclage textile, est devenu un combat de tous les jours. L’envolée des prix qui caractérise la conjoncture pourrait avoir pour conséquence le chômage technique et que « Noël soit plus précoce cette année » alors que les conditions de travail hivernales vont rendre le fonctionnement du marché « appro » plus compliqué encore.
Cette situation n’est pas spécifique à l’Allemagne où Olaf Rintsch exerce son activité. Les représentants de la plupart des pays européens présents à la table-ronde ont délivré un message à peu près semblable. Le représentant britannique Alan Wheeler a estimé que les conditions de marché devenaient de plus en plus difficiles ; il a également estimé qu’en dépit du renforcement des difficultés, les prix sur le marché britannique n’avaient pas souffert autant qu’on aurait pu s’y attendre en partie parce que le flux de nouveaux entrants sur le marché ne se tarit pas. La principale difficulté rencontrée sur le marché belge est de trouver suffisamment de matières pour permettre aux centres de tri de travailler à plein temps, a souligné Pol T’Jollyn, le représentant d’Outre-Quiévrain. La plupart des entreprises estiment qu’elles ne disposent pas de stocks suffisants pour passer l’hiver, aussi les prix de la matière première pourront-ils continuer leur escalade jusqu’au moment les marges auront complètement disparu. C’est sur le même ton que Klaus Lower, Président d’Honneur de la Division Textiles a décrit les conditions qui règnent sur le marché international. Les trieurs américains ont de grandes difficultés à approvisionner leurs entreprises et au Japon, le prix de l’original a été multiplié par deux.
En France, selon le Vice-Président de la Division Textiles du Bir, Medhi Zerroug, les volumes collectés au cours de la seconde partie de l’année sont inférieurs de 12 à 15 % à ceux collectés au cours de la même période de l’an dernier et l’incidence des vols et des pillages de conteneurs de collecte se ressent d’autant plus. Olaf Rintsch a confirmé que la France n’était pas le seul théâtre du développement de ces vols. Les recycleurs de textiles allemands, par la voie de Michael Sigloch ont dénoncé certaines exigences réglementaires mises en œuvre dans leur pays qui ne s’appliquent pas dans les autres pays européens notamment sur la source des marchandises entrantes sur leurs chantiers. L’ensemble des participants ont d’ailleurs convenu que d’un pays à l’autre le statut des chiffons différait, ce qui n’est pas sans provoquer certaines distorsions de concurrence. Certains pays considèrent par exemple que les textiles déposés dans les conteneurs constituent un déchet tandis que d’autres pays n’appliquent pas ce jugement.