BIR Barcelone : haro sur le protectionnisme

Le 06/11/2012 à 20:01  

BIR Barcelone : haro sur le protectionnisme

 Comme la plupart des marchés de matières premières, celui des métaux non-ferreux recyclés devient chaque jour plus difficile. La crise plus ou moins larvée qui sévit depuis plusieurs années sur le monde occidental est la cause d’un déséquilibre qui s’amplifie entre la production et la consommation. Le mot de production n’est pas ici un vain mot. Les métaux recyclés n’existent pas à l’état natif. Pour en faire une matière première industrielle, il faut concentrer un gisement, l’affiner « à froid » par le tri et le conditionner pour qu’il soit directement consommable par les fonderies. Encore faut-il trouver la matière première de cette industrie, à savoir des déchets non ferreux et par les temps qui courent c’est là que le bât blesse.

 C’est sur ces tensions que Robert Stein, Président de la Division Métaux Non-Ferreux du Bureau International du Recyclage, a ouvert la semaine dernière à Barcelone la réunion de la division qu’il préside. En ces temps économiques difficiles la plupart des recycleurs de métaux sont confrontés à un manque de matières tandis que de nombreux consommateurs ont des difficultés à trouver, aux prix qu’ils souhaitent payer, de la matière première pour charger leurs fours.

C’est à ces consommateurs qu’en premier lieu s’adressent les statistiques compilées sous l’égide de la Division Non Ferreux sur les flux de métaux non ferreux à la surface du globe. Il s’agit en effet de faire comprendre à ces consommateurs qui harcèlent les Pouvoirs Publics, pour qu’elles libèrent la circulation des produits qu’ils fabriquent et qu’ils dressent des barrières protectionnistes pour entraver la circulation des matières premières qu’ils utilisent. A travers l’élaboration et la publication de statistiques sur les flux mondiaux de métaux non ferreux, une première pour la Division Non ferreux, Robert Stein et les administrateurs de la division souhaitent faire entendre raison aux consommateurs en leur montrant, chiffres à l’appui, que ce n’est pas la libre circulation des matières premières métalliques qui font qu’elles sont chères, mais que leur niveau de prix résulte de la combinaison de la valeur sous-jacente des métaux (comprendre que les métaux sont devenus des actifs financiers…) et de la faiblesse de leur disponibilité (comprendre que moins l’industrie transforme de métaux de base et moins l’on produit de déchets métalliques qui pourront être transformés en matières premières).

La Division Non Ferreux du BIR avait commissionné CRU Strategies pour établir des statistiques sur les flux de non ferreux recyclés, en particulier le cuivre et l’aluminium et quelques une des premières conclusions ont été partagées avec les congressistes de Barcelone par le consultant de CRU, Christopher Stobart. Ce consultant estime que l’industrie du recyclage des métaux en Chine est appelée à connaître un important développement qui aura évidemment pour conséquence de réduire la dépendance de la Chine chutes neuves de métauxvis-à-vis de l’extérieur. Conclusion en forme de conseil de l’avisé consultant aux professionnels du recyclage international : « Hâtez-vous de vous tourner vers de nouveaux marchés en croissance comme ceux de l’Inde, du Brésil et du Sud-Est Asiatique ». Si on n’est pas avisé, on ne donne pas de conseil de cette qualité…

La survie même de l’industrie du recyclage des métaux non ferreux, a estimé Robert Stein, dépend de sa capacité à acheter et à vendre ses matières « sans les barrières protectionnistes dont de nombreux consommateurs occidentaux de ces matières assurent la promotion ». « Les matières premières recyclées doivent pouvoir trouver en toute liberté leur meilleure valeur en fonction de l’offre et de la demande et non par des règles gouvernementales initiées par ceux qui souhaitent mettre en péril la liberté des marchés » a encore fait valoir Robert Stein. Le protectionnisme est le sujet de prédilection du Conseil du Commerce International du BIR que préside Robert Voss et qui avait choisi de faire le point, à Barcelone, sur le problème récurrent des vols de métaux et des fraudes diverses associées à ce secteur. Selon Robert Voss, jusqu’alors, les compagnies d’assurance ont fait preuve d’une certaine compréhension mais le moment est désormais proche où elles ne manqueront pas d’imposer des restrictions et des charges plus élevées sur leurs clients du secteur du recyclage.

Du point de vue du marché, alors que les analystes économiques estimaient que la Chine pourrait au troisième trimestre 2012 connaître, à 7 % son taux de croissance le plus faible depuis 20 ans, les consommateurs de métaux du monde entier sont rentrés dans leur coquille en attendant pour voir comme dans une partie de poker à l’issue incertaine estimait Andy Walh dans sa revue internationale des marchés. En Inde, devait-il en outre précisé, l’industrie et l’ensemble de l’économie sont également confrontés à une certaine stabilisation. Au Mexique, la rumeur courait que le taux de TVA pourrait passer de 16 à 20 % ce qui ne manquera de déboucher sur certaines distorsions de concurrence dans la région.

C’est encore vers la Chine que s’est tourné le second orateur invité de la Division Non Ferreux, Noberto Vidana, acheteur d’aluminium pour le compte du producteur de composants Nemak pour préciser que l’émergence d’une classe moyenne chinoise conduira dans les prochaines années la croissance globale des ventes de véhicules légers alors que la Chine devrait enregistrer entre 2011 et 2016 un taux de croissance de 9 % l’an. On a donc pas, et c’est heureux fini d’entendre parler de la Chine.