Bioplastique : les chercheurs canadiens confiants
Si l'on en croît le communiqué du Conseil National de Recherches du Canada, l'équipe de l'Institut des matériaux industriels du CNRC, pilotée par Michel Huneault, aurait réalisé une " véritable percée dans le cadre de ses travaux visant à produire du bioplastique avec l'amidon du pois, du riz et du blé. Les résultats de ces recherches ont été présentées la semaine dernière à Montréal, dans le cadre de BioPlastics 2007, deuxième symposium international annuel sur les bioplastiques et les composites à fibres naturelles...
Depuis 2005, M. Huneault et son groupe de Boucherville, au Québec, travaillent en étroite collaboration avec le Réseau canadien d'innovation dans la biomasse et l'École polytechnique de Montréal pour produire du bioplastique avec l'amidon du pois, du riz et du blé.
« Nous espérons trouver un succédané aux polymères synthétiques du pétrole employés dans les produits jetables comme l'emballage, déclare M. Huneault. L'amidon est un matériau très prometteur car c'est un polymère naturel, mais il faut le modifier pour qu'il résiste à l'eau et devienne thermoplastique, c'est-à-dire pour qu'on puisse le fondre et le mouler. »
Lors de leurs travaux, les chercheurs ont caractérisé plusieurs types d'amidon, évalué la disponibilité et l'utilité de diverses matières premières, et ont combiné de l'amidon thermoplastique à différents polymères. Résultat : la production d'alliages polymériques qui peuvent éventuellement servir à fabriquer toute une série d'articles en plastique jetables d'usage courant. Ensuite, ils ont réussi à accroître la compatibilité des mélanges de polylactide et d'amidon thermoplastique (PLA/TPS) grâce à une technologie d'extrusion réactive. Ils déclarent être les premiers au monde à appliquer avec succès cette technique particulière de mélange au polylactide et à l'amidon thermoplastique. Jusqu'à présent, ces composés se comportaient comme l'huile en présence d'eau : ils étaient immiscibles. Avec cette technologie novatrice, l'équipe se veut confiante pour produire un mélange beaucoup plus homogène, qui aboutira à des bioplastiques plus polyvalents.
"Quelques mélanges sont totalement biodégradables et offrent un éventail complet de propriétés, selon la proportion d'amidon et de plastifiant", a précisé M. Huneault. Les applications futures sont pleines de promesses. D'abord, Les mélanges obtenus résistent très bien à l'étirement, ce qui ouvre la voie à la fabrication de pellicules plastiques et de contenants thermoformés servant à l'emballage. On peut aussi les mouler par injection afin d'obtenir des pièces complexes, donc s'en servir comme plastique injectable. Enfin, on peut faire mousser les mélanges avec du dioxyde de carbone, ce qui donne des mousses d'emballage à plus faible densité.
« Bientôt, les consommateurs ne pourront faire la distinction entre les plastiques biologiques et ceux venant du pétrole, prédit-il. Étant donné les avantages que présentent les biopolymères à base d'amidon sur le plan de l'environnement et des coûts, il ne faudra pas grand temps avant que les bioplastiques soient largement acceptés. »
L'équipe a dévoilé ces résultats encourageants dans le numéro de juillet 2007 de Macromolecular Bioscience, indiquant que cette technologie de mélange devrait pouvoir être offerte sous licence d'ici les 12 prochains mois.