Biométhane : du marché... aux perspectives...
Pour mémoire, Cédric de St Jouan est le fondateur et président de Vol-V : son expertise concerne les financements corporate de projets. Engagé au service des énergies renouvelables depuis plus de 20 ans, il fonde le groupe Vol-V et leur filiale solaire et biomasse. Le groupe, implanté dans plusieurs grandes villes en France, se positionne comme un producteur indépendant d’électricité et de gaz renouvelable qui développe, finance, construit et exploite des centrales éoliennes, des centrales solaires photovoltaïques et des usines de biométhane.
Il confirme par ailleurs, le décollage de ce nouveau marché : partie prenante de la transition énergétique, le biométhane ouvre de nouvelles voies pour la production de gaz en Europe. En France, l’injection de biométhane dans les réseaux connait, depuis 2014, une très forte dynamique. 9 nouveaux sites ont déjà été mis en service en 2016, et 3 depuis 2017, portant ainsi à 29 le nombre d’installations depuis 2011. Identifié comme un vecteur majeur de la transition énergétique en Europe et en France, le gouvernement a fixé un objectif de 10% de biométhane dans la consommation française de gaz naturel en 2030. En tant que carburant, le biométhane pourra bénéficier de l’essor du GNV, carburant qui dispose de nombreux atouts pour la lutte contre les particules fines : le gaz pourrait ainsi représenter 14% de l’énergie consommée dans les transports en 2030. Encore au stade de projet pilote, le biométhane 2eme génération, produit à partir de biomasse solide par gazéification, pourrait représenter 35% du gaz consommé en 2050.
Mais pour Cédric de Saint Jouan, « les chiffres de la croissance de la filière injection de biométhane ne doivent pas masquer le fait que son développement est encore très lent par rapport aux objectifs, et son financement est encore largement freiné par les réticences des banques face à des risques importants. Cette filière reste globalement soumise à des régimes d’autorisations complexes, concernant tant les autorisations d’exploiter que des contraintes liées à la valorisation du digestat. Le tarif d’obligation d’achat du gaz reste le socle du développement du biométhane en France, mais la durée du tarif fixée à 15 ans limite les banques dans leurs perspectives de rééchelonnement des prêts en cas de difficulté de remboursement des installations. Pour rassurer les banques, il est nécessaire de prolonger ce tarif à 20 ans.
Malgré des modifications réglementaires récentes, avec notamment l’arrivée de l’autorisation environnementale, les réglementations restent extrêmement contraignantes. A titre d’exemple, la valorisation du digestat par plan d’épandage reste d’actualité pour les projets territoriaux, même si les intrants utilisés sont d’origine agricole ou agro-alimentaire. Par ailleurs, la durée des autorisations d’exploiter ICPE obtenues à ce jour sont caduques si l’unité n’a pas été mise en service dans un délai de 3 ans (contrairement aux centrales éoliennes ou solaires), ce qui, cumulé aux réticences des banques, fragilise la réalisation des installations ».