Biomasse : un tournant pour la filière bois-énergie
L’Office National des Forêts (ONF) est entré à hauteur de 13,8% dans le capital d’EO2, industriel français producteur de granulé bois, devenant ainsi son premier actionnaire aux côtés des co-fondateurs. Ce partenariat, événement marquant pour le développement du bois-énergie en France, constitue un bouleversement profond pour la filière : l'accord devrait en effet faire du granulé le combustible renouvelable de référence en France. Rappelons que l’exploitation du bois produit chaque année par la forêt et non commercialisé remplirait, à elle seule, 83% des objectifs du Grenelle Environnement...
Fait marquant : c’est la première fois que l’ONF investit ainsi dans un outil industriel dédié exclusivement au bois-énergie. Ce partenariat entre l’acteur majeur de la forêt et le premier producteur français de granulé bois constitue un tournant pour l’ensemble de la filière et un facteur clé de succès pour le développement du bois-énergie en France.
Le bois représente pourtant un immense gisement d’énergie propre et bon marché, qui non seulement augmenterait l’indépendance énergétique de la France mais répondrait aussi aux exigences 2020 du Grenelle Environnement. Cette nouvelle industrie, en forte croissance, contribue à relancer l’économie du pays et à créer des emplois "indélocalisables". Selon Pierre-Olivier Drège, Directeur Général de l’ONF, "le granulé bois dispose de tous les avantages qu’ils soient économiques, écologiques et énergétiques pour s’imposer comme le combustible renouvelable faisant référence".
En concluant ce partenariat, l’ONF et EO2 veulent mettre leur complémentarité (la ressource forestière et sa bonne gestion d’une part, la performance industrielle et la connaissance du marché d’autre part) au service du granulé bois pour lui donner une place d’envergure nationale et faire de la France une vitrine européenne. Toujours selon M. Drège, "il faut que les avantages des granulés bois soient mieux connus du grand public".
En effet, le granulé bois est une des rares énergies renouvelables (EnR) dont le déploiement et la diffusion peuvent se faire de façon immédiate et massive via l’installation de poêles et de chaudières pour le particulier, mais aussi de réseaux de chaleur pour les collectivités (logements, piscines, hôpitaux, écoles...). "Il est ainsi raisonnable d’envisager pour EO2 un marché de 5 millions de tonnes de granulés à échéance de 10 ans, ce qui correspondrait au chauffage de 1,6 million de foyers", explique Guillaume Poizat, PDG d’EO2.
Ces 2,2 millions de TEP (tonnes équivalent pétrole) représentent à elles seules 13,4% des objectifs biomasse du Grenelle pour 2020 et n’utiliseraient que 11,7% des 42 millions de m3 de bois aujourd’hui non récoltés. C’est pourquoi l’ONF souhaite non seulement communiquer nationalement sur le combustible granulé bois auprès du grand public et des institutions mais également permettre à EO2 de sécuriser son approvisionnement pour les nouveaux sites de production.
Sur les 103 millions de m3 de biomasse bois produits chaque année par la forêt, seuls 60% sont vendus ou autoconsommés. L’ONF s’est engagé à mettre en oeuvre des plans d’approvisionnement partout où la mise en oeuvre d’une unité de granulation se justifiera. "Ce partenariat débute dès aujourd’hui pour l’usine des Landes, qui est passée d’un projet de 75 000 tonnes à 150 000 tonnes de granulés bois", précise M. Poizat.
EO2 et l’ONF étudient d’ores et déjà le plan d’approvisionnement d’une troisième unité de production située dans les Vosges, d’une capacité minimale de 150 000 tonnes. Fait notable : chaque usine crée ou maintient un pôle d’une centaine d’emplois, dont 50 pour l’entité EO2.
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