Bioéthanol : Ford prend la tête en Europe
L'annonce la semaine dernière par le PDG de Ford France, Eric Saint-Frison de la mise sur le marché de trois cents Ford Focus équipées du système "Flexi-Fuel", destinés à des flottes de collectivités ou d'entreprises, fonctionnant avec 85 % de biocarburants et 15 % d'essence s'inscrit dans une stratégie globale en vue d'être un des premiers constructeurs à favoriser l'émergence de filières de combustibles alternatifs et ceci plus particulièrement en Europe...
Au mois de septembre dernier, le président de Ford, Bill Ford, a indiqué que l'avenir de Ford passait par sa capacité d'innover. Cela comprend l'engagement de Ford à produire des véhicules fonctionnant à partir de bioéthanol, à hauteur de 250 000 véhicules en 2006 pour le continent nord américain. Dans le reste du monde, Ford a introduit ce type de motorisation "Flexi-Fuel" en Thailande. Cela fait depuis plusieurs années que ces modèles ont été introduits au Brésil, en Suède (15 000 ventes depuis 1981). Cet été, le constructeur a annoncé, la commercialisation en Allemagne, un partenariat en Angleterre avec Somerset County Council dans le cadre d'un projet de fabrication de bioéthanol et les premières livraisons de Ford Focus Flexi-Fuel ont débuté au mois de septembre. (voir communiqué). Désormais, c'est en France, que le constructeur américain entend prendre position sur ce marché et jouer le rôle de déclencheur auprès des pouvoirs politiques afin d'aménager le régime fiscal favorable au développement de la production de carburants alternatifs.
Pour Eric Saint-Frisson : "Cette technologie, d'un surcoût industriel de 350 euros par véhicule, sera proposée sur 300 berlines Focus et monospaces compacts Focus C-Max, destinés à des flottes de collectivités ou d'entreprises. Mais nous travaillons sur son développement, sur toute notre gamme, à partir de fin 2006 : c'est une véritable stratégie industrielle. Le volume initial de véhicules permettra de justifier la fabrication de quelques dizaines de milliers de litres de bioéthanol, qui sera mis à disposition des flottes par le pétrolier (britannique) BP. Les véhicules roulant au bioéthanol émettent 70% de CO2 en moins que les modèles équivalents à essence. Mais comme leur consommation de carburant est supérieure de 25% à 30% à celle des autres véhicules, il est nécessaire que le prix du litre de bioéthanol soit intéressant."
"En France, il n'y a pas de pétrole, mais il y a beaucoup d'éthanol. Comme cela coûte un peu plus cher de l'acheter nationalement que de l'importer, mais que l'idée est de créer une filière française, il faudrait une TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) zéro pour que le bioéthanol soit intéressant pour le consommateur", a ajouté pour sa part le porte-parole de BP France.
Si ces voitures ne pourront pas bénéficier du crédit d'impôt pour les voitures propres parce qu'elles peuvent également rouler au super Eric Saint-Frisson s'attend cependant "à ce que les choses bougent vite", en évoquant une prochaine table ronde à Bercy sur les biocarburants.