Biodéchets emballés: la valorisation est maintenant possible
Les déchets emballés d'origine agroalimentaire peuvent désormais être recyclés dans une usine spécialisée. Une nouvelle machine est mise en service chez Sita Strasbourg (Alsace) : elle permet de séparer les emballages d'un côté et les biodéchets de l'autre. Bien que ce soit une première en France, le procédé existait déjà en Allemagne ou en Belgique. Le responsable de la filière valorisation chez Sita, Bertrand Weil, explique le procédé; "on collecte les déchets de plusieurs supermarchés et un hypermarché de l'agglomération strasbourgeoise, dont 90% peuvent être réutilisés: ils sont fermentés et le gaz qui s'en échappe, du méthane, servira à produire de l'électricité. Le substrat restant pourra être utilisé comme engrais dans les champs". Pour la partie moins écolo, le substrat fermentescible sera dans un premier temps envoyé vers des unités de méthanisation en Allemagne, car il n'y a pas encore de méthaniseur en Alsace.
Sita, filiale de Suez, a investi 1,2 million d'euros pour créer ce "bioconditionneur de biodéchets emballés". L'entreprise peut traiter actuellement 8 000 tonnes de déchets par an, ce qui reste encore très en dessous des capacités de production, et vise les 24 000 tonnes traités à terme. Selon Sita, une tonne de biodéchets permettra de dégager 75 m3 de méthane, soit l'équivalent de 75 litres de mazout pour produire de l'électricité. On notera que l'ADEME a financer le projet à hauteur de 189 000 euros. Avec son site Valorest de 500 m2, Sita Alsace, en plus d'innover sur le territoire français, anticipe grandement plusieurs réglementations qui doivent entrer en vigueur dans la prochaine année, notamment la directive européenne qui vise à hiérarchiser les différents volets de la gestion des déchets (prévention, valorisation, enfouissement, incinération). Notre article "Déchets organiques: vers des règles unifiées en Europe" traitait récemment de cette thématique.
Valorest n'acceptera pas les emballages en verre ou en métal. Cela implique donc que les déchets aient été triés au préalable. Le directeur général de Sita Alsace, Pierre Antoine Villanova, indique que "tout le système repose sur la compréhension du processus par l'ensemble de la filière". Selon lui, le substrat n'a pas encore de valeur économique, mais il espère que dans quelques années la filière sera en mesure de s'équilibrer pour devenir rentable. Enfin, le projet fait des émules ; aussi Sita envisage d'en construire d'autres. De fait, 4 projets sont en cours, dont un prévu fin 2012 dans l'usine d'incinération de la Communauté urbaine de Strasbourg. En attendant, on ne peut que constater, une fois de plus, le triste gâchis engendré par notre société de consommation...