Ne tournons pas aitour du pot : l'affaire est dans le sac... En vrac, le biodéchet est recyclable; dès lors qu'il est emballé, c'est "plié". D'où l'idée de répondre à une problématique d'importance : désemballer pour recycler. Mis en service fin octobre 2014, le déconditionneur de Granges favorise bigrement le recyclage, ce qui change évidemment la donne...
Recycler est une nécessité ; produire du fertilisant de qualité à partir de déchets est intelligent. Pour autant, il était une barrière apparemment infranchissable : le sac, le pot, bref, l'emballage des biodéchets à cause duquel, les coûts de traitement étaient majorés ; l'ouverture de ces contenants, coûtant, et allant à l'encontre de la maîtrise des coûts. Et puis... il n'y avait que les bonnes volontés pour avoir envie de recycler ces déchets, il faut bien l'admettre.
Avec le Grenelle de l’environnement, les « producteurs de biodéchets » sont incités à aller dans le sens de la valorisation des déchets fermentescibles qu'ils produisent, avec, pour en faciliter le traitement, un tri à la source. Pour démarrer, on a assujetti que les gros producteurs (20 tonnes par an), ce qui concerne déjà pas mal de monde. Mais, dès l'an prochain, le seuil sera abaissé de moitié, à 10 tonnes annuelles...
Cela étant dit, on peut comprendre que le tri à la source puisse nécessiter d'emballer le déchet, tandis qu'il est déconcertant de devoir tout remettre en décharge, à cause des emballages. Or, sur le terrain, tel était le problème posé : le recyclage restait impossible pour les déchets encore emballés, tels que des produits alimentaires ayant dépassé ou presque, leur date de péremption. Une réponse a été apportée avec le « déconditionneur », mis en service fin octobre, à Granges, en Bourgogne, lequel sépare l’emballage du produit organique : les déchets sont chargés par une tractopelle et amenés via une vis sans fin à un rotor, qui déchire l’emballage et sépare la matière organique du reste. La machine peut même traiter de petits objets, tels que des capsules de café, a confirmé Stéphane Coudurier, responsable du site... « Il convient de bien ajuster la vitesse d’alimentation de la machine et le dosage entre les liquides et les solides, pour obtenir un rendement optimal », indique pour sa part, complète Jérôme Clémenceau, directeur de secteur pour la région Rhin Rhône chez Veolia. Reste le problème des emballages en verre et en céramique qui cassent et polluent la matière organique, tandis que les autres types d'emballages sont trop disparates et des quantités beaucoup trop faibles pour être recyclés quand bien même ils sont unitairement recyclables. Et donc, pour l'heure, ils prennent la direction du CET. Cela dit, dès que le poids récolté sera suffisant, il va de soit que l'on pourra réorienter ces déchets d'emballages vers d'autres exutoires que celui de la décharge.
A la suite de cette opération, les matières organiques sont chargées dans une remorque, puis transférées sur la plate-forme de compostage du site, située à quelques dizaines de mètres de là. De la même manière que ces déchets désemballés pourraient tout aussi bien aller en méthanisation. Dans quelques semaines, sera installé un robot de type automobile, qui sera chargé de vider, laver et désaffecter les caisses de déchets expédiées, puis réutilisées par les clients de Veolia, afin de compléter l'offre. Au cours de cette première année de production, l’objectif de l’entreprise est de traiter entre 2 500 et 3 000 tonnes de ces biodéchets emballés; mais il va de soi que l'idée est de faire mieux, dès lors que l'on aura atteint la vitesse de croisière : 6 000 tonnes est l'objectif fixé pour 2016. Et il a de quoi faire : les clients de Veolia Granges (situés sur la trajectoire Mâcon-Dijon) sont des grandes surfaces, des plateformes logistiques, des industriels agroalimentaires, ou encore, des restaurants collectifs.