Biocarburants 2ème génération : l'Allemagne appuie sur l'accélérateur
Depuis quelques semaines, l'entreprise Lurgi GmbH (spécialiste des procédés chimiques et de la construction) a lancé un projet pilote de production de biocarburant de seconde génération (ou carburant BtL) basée sur un procédé encore peu répandu : le "MtS" (Methanol to Synfuels) convertit le méthanol (obtenu à partir de biomasse) en diesel et en essence de synthèse. Bien que moins connu que le procédé "Fischer-Tropsch" (une transformation catalytique d'un gaz de synthèse -hydrogène, monoxyde de carbone- en carburant liquide synthétique), le MtS constitue une approche prometteuse et plus flexible...
Dernière étape pour la synthèse de BtL (Biomass to Liquid), le procédé MtS se couple à tout procédé capable de produire du méthanol à partir de biomasse (paille, bois, plantes). C'est le cas du procédé "bioliq" par exemple (voir notre article), développé par le Centre de recherche Helmholtz de Karlsruhe (FZK) : par pyrolyse, les chercheurs du FZK sont capables, à l'échelle pilote, de synthétiser un produit dont l'aspect rappelle celui du pétrole, une sorte d'intermédiaire énergétique désigné sous le nom de "Slurry". L'étape suivante consiste à faire subir au Slurry une gazéification thermochimique, puis à transformer le gaz ainsi obtenu en méthanol.
Partenaires industriels du projet, l'entreprise allemande de chimie Süd-Chemie AG apporte son expertise en techniques de catalyse, tandis que le groupe automobile Volkswagen AG se charge d'analyser l'ensemble du procédé du point de vue de sa rentabilité économique et de son potentiel de réduction des émissions de CO2.
Le projet est soutenu par l'Agence allemande pour les matières premières renouvelables (FNR) à hauteur de 4,5 millions d'euros. Actuellement, il n'existe qu'une seule installation au monde de production de biocarburants de deuxième génération : inaugurée par la Chancelière fédérale le 17 avril 2008 à Freiberg, l'installation "Beta" de l'entreprise Choren exploite le procédé "Fischer-Tropsch" et devrait entrer en production d'ici fin 2008 (production : 18 millions de litres de diesel par an). S'en suivra à l'horizon 2012-2013 la construction d'une installation "Sigma", caractérisée par des dimensions et une production supérieures (200 000 tonnes par an).
Les biocarburants de deuxième génération (qui utilisent la biomasse ligno-cellulosique d'origine forestière et agricole : bois, paille, déchets végétaux) présentent des avantages incontestables par rapport aux biocarburants de première génération, encore appelés agrocarburants (obtenus à partir de cultures, telles que céréales, colza, betterave) : leur production ne rentre pas en compétition avec l'industrie agroalimentaire, ils ont un meilleur bilan écologique (pas de pollution des sols, moindre impact carbone, combustion propre car absence de soufre et d'aromates) et un rendement énergétique supérieur (un hectare de surface permet de produire 4 000 litres de BtL, contre seulement 1 550 litres de biodiesel et 2 550 litres de bioéthanol). Enfin, les carburants BtL peuvent être adaptés, lors de leur production, aux exigences des moteurs et conviennent donc aux générations de moteurs actuelles et futures.
En rapport avec le sujet et l'actualité des biocarburants de seconde génération, nous vous renvoyons à la lecture de notre article : Biomasse : Lyon accueille une unité de recherche.