Biocarburant : le gouvernement accélère
Le secteur est porteur et les biocarburants ont le vent en poupe ; c’est ce qui ressort des propos tenus par le Premier ministre, Dominique de Villepin, qui a annoncé hier au Salon de l'Agriculture, la création de dix nouvelles usines de fabrication de biodiesel et bioéthanol, résultat d'un appel d'offres lancé fin 2005 en vue d'augmenter la production à l'horizon 2008. Il a également confirmé que, d'ici fin 2006, de nouveaux agréments de fabrication seront octroyés pour 950 000 tonnes de biodiesel et 150 000 d'éthanol...
En 2005, le gouvernement s'était fixé un planning précis en matière de biocarburants. Il vient d’annoncer les résultats du deuxième appel d’offres sur les biocarburants, lancé en novembre 2005.
Les plans de développement vont permettre de répondre aux objectifs d'incorporation de carburants d'origine végétale dans les réservoirs : 5,75 % en 2008, 7 % en 2010 et 10 % en 2015.
Les principaux acteurs de la filière, à savoir les industriels Cristanol, Tereos, Abengoa, Prolea..., s'appuient sur des plantes bien connues mais à des fins énergétiques que sont le colza, mais aussi la betterave, le blé, le tournesol et le maïs. Tous se frottent les mains et voient leur développement assuré.
Si le timing est respecté, 1,8 million de tonnes supplémentaires de biocarburants devrait pouvoir être fabriqué en 2008. L'augmentation de la production sera assurée par seize usines, dont six sont en construction.
Au total, les agréments concernent 1,335 million de tonnes de biodiesel, 380 000 tonnes d’éthanol et 85 000 tonnes d’ETBE (dérivé de l’éthanol) supplémentaires. Ils portent notamment sur des extensions de capacités pour les lauréats de l’appel d’offre précédent, parmi lesquels le groupe Diester Industrie, qui possède plusieurs unités de biodiesel en France.
Trois sites de production d'éthanol voient leur installation consolidée : l’espagnol Abengoa à Lacq (Pyrénées-Atlantique), Cristanol à Bazencourt (Marne), et Tereos à Lillebonne (Seine-Maritime) bénéficient en effet de capacités supplémentaires.
Même chose pour le biodiesel avec des infrastructures agrandies à Montoir-Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), Nogent-sur-Seine (Aube) et Sète (Hérault).
Mais les autorités ont aussi fait la part belle à de nouveaux industriels. Dix nouvelles usines seront prochainement agréées : sept unités pour la filière biodiesel à Coudekerque (Nord), Bordeaux-Bassens (Gironde), un site supplémentaire à Grand-Couronne (Seine-Maritime), deux usines à Dunkerque, une à Lisieux (Calvados) et une autre à Limay (Yvelines). Une unité de recherche-développement sur les biocarburants va également être édifiée à La Rochelle.
Et trois pour la filière éthanol, dont l’usine de l’amidonnier Roquette, à Beinheim, à 10 kilomètres de Strasbourg, dans laquelle l’industriel a investi au total 75 millions d’euros, pour une capacité nominale de 160 000 tonnes (60 000 environ seraient agréées), une usine au Mériot (Aube) et une troisième à Origny (Aisne).
Et le gouvernement envisage déjà le lancement d’un troisième appel d’offres d’ici la fin de l’année, qui porterait sur 950 000 tonnes de biodiesel et 150 000 tonnes d’éthanol, et qui permettrait, au final, de tripler la production de biocarburants par rapport à 2006.
Dans l'immédiat, 4 données fondamentales doivent être gardées en mémoire : 1 milliard d'euros d'investissement de la part des industriels, 3 millions de tonnes produites en 2008 (trois fois plus qu'en 2006), 2 millions d'hectares mobilisés pour ces cultures non-alimentaires, une économie de 4 à 7 millions de tonnes équivalent CO2. Données auxquelles s'ajoutent 25 000 emplois créés ou préservés. Et par les temps qui courent, on n'insistera pas sur les incidences de ce dernier aspect.