Bâtiment : la valeur verte doit encore s'imposer

Le 23/12/2010 à 17:23  

Bâtiment : la valeur verte doit encore s'imposer

Bâtiment verts Pour la quatrième fois, Novethic et l'Ademe publient un baromètre du reporting sur l'éco-performance des bâtiments. L'étude évalue la qualité de la performance environnementale des actifs immobiliers. Les évolutions règlementaires en matière de bâtiments verts, notamment impulsées par les Grenelles, montrent une progression significative des pratiques de reporting. Mais, de manière générale, le marché immobilier tarde à intégrer la valeur verte. Un manque de recul dans le temps ne permet pas non plus de faire parler les statistiques de façon significative. Des efforts sont encore à fournir...

Le rapport s'intitule "Baromètre 2010 du reporting sur l'Eco-performance des bâtiments" (disponible ici en format pdf). Il fait état d'une nouvelle amélioration globale des pratiques de reporting pour les trois secteurs étudiés : foncières, gestionnaires d'actifs et promoteurs. La bonne nouvelle est que tous les promoteurs obtiennent désormais une note supérieure à 50%. Cela traduit une bonne progression d'ensemble, tirée probablement vers le haut par l'échéance proche de la nouvelle réglementation thermique fixée à 2012 (voir ici). Les notes moyennes des promoteurs immobiliers augmentent de 23% pour s'établir à 65%, et 75% d'entre eux s'engage à atteindre le niveau BBC-Effinergie pour la totalité de leur production.

Chez les foncières, la note moyenne progresse, passant de 26% à 49%. Néanmoins, les écarts entre secteurs se creusent; il y a 72 points d'écart entre le premier et le dernier. La meilleure note, toute catégorie confondue, est obtenue par Gecina. Quant aux gestionnaires d'actifs, il sont à la traîne, avec une note moyenne de 31,5%. Les 3/4 d'entre eux restent silencieux sur la performance environnementale de leurs actifs immobiliers et la meilleure note de cette catégoire (56%) n'atteint que le niveau de la 6e meilleure note chez les foncières. La progression vers le haut est donc mitigée.

Le rapport met donc en avant certains projets à valeur exemplaire, mais ils sont en général isolés. En revanche, une analyse approfondie de l'information disponible des entreprises sondées montre qu'elle sont en général plus au fait des performances énergétiques de leur patrimoine. Celles-ci commandent des bilans carbone exhaustifs, et des audits énergétiques, ce qui leur permet d'avoir une meilleure vue d'ensemble des acquis et des efforts à fournir. De même, les engagements chiffrés sont plus nombreux, même s'ils restent souvent imprécis. Seules 6 foncières ont publié des objectifs de réduction de leurs émissions dont Gecina, qui va plus loin que les autres en affichant un objectif de 40% de réduction des consommations énergétiques de son patrimoine d'ici 2016.

On trouve donc du positif et du négatif dans ce rapport 2010. Par exemple, la qualité environnementale des bâtiments comme élément sensible de leur valeur future est clairement intégrée dans les positionnements stratégiques des entreprises sondées. C'est une bonne chose. Par contre, les statistiques du marché immobilier ne peuvent pas encore en rendre compte faute de transactions en nombre suffisant de bâtiments dits verts en France. Le marché ne semble pas suivre la vision des experts immobiliers, ce qui est bien dommage car l'émergence de la "valeur verte" est une nécessité absolue pour atteindre les objectifs du Grenelle en la matière. Plusieurs problèmes subsistent : l'absence de statistiques et d'un consensus sur la définition internationale du bâtiment durable, tout comme la capacité de mesurer la performance énergétique réelle des bâtiments. Autant de défis à relever dans les années à venir pour faire du bâtiment vert un point repère et non plus une exception.

Pour plus d'informations: vous pouvez lire notre article "Construire durable" : des expériences à généraliser.