Automobile : vers un double jeu de certains constructeurs?
Alors que le Salon de l’Automobile se tient jusqu'au 19 octobre, France Nature Environnement craint un double jeu de certains constructeurs. Surfant sur une vague verte bénéfique pour leur image, présentant leurs dernières innovations technologiques destinées à réduire les impacts environnementaux de leurs véhicules, certains constructeurs automobiles n’hésitent pas par ailleurs à freiner par un lobbying intense toute tentative d’action pour la sobriété carbone. FNE s’en inquiète. Au demeurant, le Président de la République doit présenter demain un discours sur les nouveaux enjeux pour l’industrie automobile.
Le contexte économique international est difficile pour une industrie automobile soumise à une forte concurrence. Mais cela n’est pas en contradiction avec la prise en compte des questions environnementales par le monde de la voiture. Selon Sébastien Genest, Président de FNE, « il ne faudrait surtout pas que certains lobbies en arrivent à expliquer leurs stratégies financières de réduction des coûts et de licenciements par une remise en cause des réglementations et accords en cours de négociation, au niveau européen et international, sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. N’opposons pas une fois de plus environnement et économie. La sobriété énergétique est un moteur de l’économie de demain, et en rien un frein susceptible de justifier tout et n’importe quoi d’un point de vue social et économique ! ».
Attention à la publicité verte des constructeurs ! Bruno Genty, responsable du pôle Industrie à FNE, l’affirme : « afin de ne pas pénaliser les constructeurs qui font de réels efforts, il convient de fixer des règles pour la publicité automobile. Au vu des dernières années, il convient à la fois d’empêcher la diffusion de messages incitant à des comportements irresponsables – comme ces spots montrant des voitures circulant dans des espaces naturels - mais aussi d’éviter les auto-proclamations environnementales – toutes les voitures seraient subitement devenues « vertes » ! »
Au niveau européen, des règles existent concernant l’affichage environnemental des constructeurs automobiles. Les informations concernant la consommation de carburant et les émissions de CO2 doivent être « facilement lisibles et au moins aussi visibles que la partie principale des informations figurant dans la documentation promotionnelle ». Aujourd’hui, tout le monde peut constater que ces informations n’occupent qu’une part infime de la publicité des voitures.
Constatant l’échec de l’accord volontaire des constructeurs, conclu au début des années 1990 pour améliorer l’efficacité énergétique des véhicules, la Commission européenne a proposé une réglementation fin 2007. Mais certains lobbies de l’industrie automobile font pression sur les Gouvernements et la Commission européenne pour reculer toujours plus les échéances en matière de réduction des émissions de CO2 de leurs véhicules.
Michel Dubromel, responsable du réseau Transports et Mobilités Durables à FNE constate qu'il s'agit « d'un bras de fer permanent depuis bientôt un an pour arriver à faire adopter par les institutions européennes une moyenne réaliste et nécessaire de 120g de CO2/km d’ici 2012. Certains constructeurs peuvent bien faire bonne mine au Salon de l’Auto en se targuant d’être à la pointe des enjeux écologiques, nous connaissons bien leurs manœuvres d’arrière-cour pour faire reculer toutes les initiatives qui vont dans le sens d’une réelle prise en compte du défi climatique ! La France doit absolument porter cet engagement au niveau européen dans les semaines qui arrivent. Il s’agit en plus d’un des engagements du Grenelle ! »
La Fédération France Nature Environnement reste donc vigilante quant aux différents discours des constructeurs lors de ce Salon en matière d’environnement. Elle rappelle également qu’il appartient à la société civile et aux responsables politiques de décider dès aujourd’hui de la mise en œuvre d’une véritable politique de transports et de mobilité soutenables.