Automobile : embouteillage chez les casseurs

Le 03/04/2009 à 11:58  

Automobile : embouteillage chez les casseurs

Patrick Poincelet La pièce détachée est sans conteste la pièce maîtresse pour bien des recycleurs. Son prix de vente génère en effet une belle part du chiffre d’affaires des entreprises dédiées à cette activité. Trente euros : une somme à retenir puisque c'est le prix auquel les casses automobiles rachètent les véhicules «victimes» de la prime gouvernementale de 1 000 euros. C'est à peu de chose près, aussi, le prix d'une tonne de ferrailles...

Ce tarif ressemble aussi à un casse-tête pour les casseurs. Ces recycleurs sont en effet débordés par le succès de la prime à la casse.

Fin mars, les professionnels de la région parisienne ont même fait grève ! Et ce pendant une semaine au motif qu’ils ne peuvent plus faire face !

«Ce type de prime rompt l’équilibre entre les entrées de véhicules et les sorties de produits», explique Patrick Poincelet, président de la branche recycleurs du CNPA, Conseil national des professions de l’automobile, qui rassemble 1 450 entreprises ayant généré un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros.

Du fait que cette prime a une durée de vie programmée, les recycleurs ne peuvent ni augmenter les capacités, ni embaucher du personnel. «Nous savons d’ores et déjà que, début 2010, nous devrons faire face à un grand creux», précise aussi le président.

Là où le bât blesse, c’est quand même la crainte des professionnels de voir la filière déficitaire cette année : la gestion administrative ajoutée au coût de la dépollution d’une automobile (traitement de l’huile, du carburant, du platine contenu dans le pot catalytique…) engendre une dépense de l’ordre de150 euros environ, voire 250 euros si l’on y ajoute le prix du transport, voire 280 euros quand on additionne le tout avec les fameux 30 euros si l’entreprise achète l’épave.

Il faut savoir aussi que les concessionnaires automobiles français ont constitué des GIE qui vendent les VHU aux recycleurs les véhicules en fin de vie.

Côté pépettes, le ferrailleur peut escompter gagner 3 à 400 euros pour une épave parfaitement valorisée, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. De fait, les professionnels ne gagnent plus leur vie en vendant la ferraille et pour cause ! ! Les prix ont chuté de façon vertigineuse et sont passés de quasiment 300 euros à 30 euros la tonne. L’essentiel du chiffre d’affaires est généré grâces aux pièces de rechange et d’occasion : démarreur, moteurs, capots, phares…, sont en effet vendus aux garagistes et aux particuliers.

« Il faut savoir que les recycleurs ont moins de temps pour se consacrer à la récupération et à la valorisation des pièces de rechange… Lorsque la “balladurette” a été lancée en 1994, il y avait une dizaine de modèles de la Peugeot 205. Aujourd’hui, il y a 60 déclinaisons de la 206 ! Cela pose d’énormes problèmes de gestion des stocks», explique aussi Patrick Poincelet. Et puis, il faut bien voir une chose : le marché de la pièce détachée d’occasion est stabilisé en raison de la concurrence accrue des pièces neuves.

Par ailleurs, certains concessionnaires ne parvenaient pas à se faire rembourser la prime, puisque, pour des raisons pratiques, ils avaient racheté les véhicules de leurs clients. Or, la mesure fiscale est claire : le bénéficiaire des 1 000 euros est l’acheteur du véhicule neuf. La semaine dernière, l’administration a accepté de régulariser la situation des concessionnaires qui avaient mal compris la procédure.

Quoi qu'il en soit et en dépit de ces petits loupés, on ne peut que saluer le succès de cette prime : 70 000 véhicules en ont bénéficié depuis début 2009 et on estime à 220 000, le nombre de véhicules qui devraient être détruits cette l’année par le biais de cette mesure.