Ascoval : Vallourec prévient le repreneur Altifort, que c'est Niet

Dans deux jours, le tribunal de grande instance de Strasbourg doit décider du sort d’Ascoval, un magnifique outil industriel occupant 245 000 m² près de Valenciennes, qui a néanmoins connu bien des difficultés au cours de ces quelques dernières années. Vallourec, actionnaire à 40 % de l’aciérie de Saint-Saulve a d'ores et déjà indiqué à Altifort qui s'est porté candidat à la reprise de l'entreprise, qu'à compter du 31 janvier 2019, elle cessera d'acheter à Ascoval, son acier à prix majoré...
Placée en redressement judiciaire depuis avril 2015, le devenir d'Ascoval, présentée comme étant l'une des usines sidérurgiques parmi les plus modernes d’Europe (150 millions d'euros y ont été investis au cours des 10 dernières années), importante consommatrice de ferrailles issues du recyclage afin d'assurer sa production (190 kt en 2017), est plus qu'incertain (voir aussi Sidérurgie : la situation qui prévaut inquiète le secteur du recyclage).

Deux candidats se sont en effet manifestés : Boost, groupe iranien, qui a déposé une lettre d'intention, et Altifort, groupe franco-belge, qui a présenté une offre ferme (ce qui a le mérite d'être soutenu par les syndicats et les élus locaux) pour reprendre ce magnifique outil industriel.
Le franco-belge s'est engagé à des investissements importants, au maintien des emplois d'Ascoval et à la création de 133 nouveaux postes, avec en contrepartie, parce qu'il a besoin de Vallourec pour mener à bien son projet, une demande à l'adresse de l'industriel, dont l'Etat est actionnaire, de maintenir le volume de commandes et les prix pratiqués, pendant les 18 mois suivant la reprise. Sauf que...

Si le PDG d’Ascoval, Cédric Orban, arrivé à Saint-Saulve en janvier 2017, chiffrait encore récemment le plan de reprise à 140 millions d’euros, les besoins effectifs seraient plus proches des 250 millions d’euros, du moins, selon Vallourec (dont le point de vue n'est pas partagé par tous), Vallourec qui ne manque pas d'évoquer les 51 millions d’euros d’efforts supplémentaires demandés, dont 32 millions équivalant au surcoût lié à l’achat de 135 000 tonnes d’acier/an, pendant dix-huit mois, à Ascoval.
Cette clause figurait vel et bien dans le contrat exceptionnel de continuation passé le 1er février 2018 pour assurer le fonctionnement de l’aciérie le temps de trouver un repreneur, mais ne saurait se poursuivre au delà du 31 janvier prochain ; c'est du moins, le positionnement de Vallourec qui refuse donc de valider le plan de reprise proposé, puisque ne souhaitant pas contribuer à son financement, au motif que le groupe a souffert de pertes sévères au cours de ces dernières années et que la prudence s'imposerait : il est fondamental de protéger la compétitivité et par conséquent, l'avenir de l'usine...

