Ascoval : le projet d'Altifort tient la route
Le gouvernement avait demandé à un cabinet indépendant d’évaluer le site de l’aciérie d’Ascoval de Saint-Saulve, en redressement judiciaire, afin notamment de déterminer la crédibilité de l'offre de reprise présentée. « Il ne suffit pas de signer un chèque d’argent public pour qu’une usine fonctionne », avait déclaré la semaine dernière, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État à l’Économie ; derrière, il faut que l’aciérie puisse voler de ses propres ailes, « et ce soit un projet qui soit vivant, qui gagne »...
Une réunion décisive était donc organisée en cette fin de matinée à Bercy autour du ministre de l’économie Bruno Le Maire pour débattre du sort de l'aciérie d'Ascoval, menacée de disparition depuis la liquidation judiciaire en février de son principal actionnaire, Ascq Industries.. Au programme, les conclusions d’un audit commandé à un cabinet d’expertise par le Gouvernement qui devait être dévoilé.
Au menu, l'État a notamment demandé au candidat à la reprise de cette unité sidérurgique, Altifort qui a fait une offre ferme de reprise, met 10 millions d’euros sur la table, mais demande 150 millions de financements pour l’ensemble du projet, la garantie d'avoir plusieurs clients afin d'assurer les débouchés à la production, et par conséquent la viabilité du projet . "Si on n'a plus de débouchés c'est précisément parce qu'on a installé ailleurs les entreprises qui achetaient aux entreprises qu'on veut fermer", a analysé Henri Sterdyniak, économiste à l'OFCE convaincu qu'il est impératif de sauver ce site, dans la mesure où la France " a besoin d'une industrie sidérurgique, métallurgique pour l'avenir", ne serait ce qu'au nom de la Transition écologique, qui va imposer des travaux d'importance et donc l'utilisation d'acier.
Bruno Le Maire ayant officiellement considéré que le projet de reprise de cette usine de 281 salariés est solide, même s'il subsiste des points de fragilité, on dira qu'à l'issue de cette réunion décisive, rassemblant les acteurs du dossier (les représentants des salariés et les élus des Hauts de France, notamment), le projet ne reçoit ni feu vert, ni feu rouge. Pour autant, cette rencontre a permis d’avancer vers une solution favorable au maintien en vie du site : l'Etat se donne en effet, jusqu'en décembre prochain pour consolider le dossier. Ce qui passera par un carnet de commandes garni, et un plan de financement, l'aspect financier étant dépendant du volet commercial.
De ce fait, en fin de journée, les salariés d’Ascoval qui s'étaient mis en grève dès lors que Vallourec avait indiqué qu'il ne "suivrait pas" le projet d'Altifort, ont décidé la reprise du travail à partir de lundi.