Ascométal : les fournisseurs de ferrailles ont été entendus
La sidérurgie française va mal, ce n’est pas un scoop : dernier coup dur en date, celui porté au groupe Ascométal qui s’est déclaré en ce début de mois, en état de cessation de paiement.
Cette entreprise, spécialiste des aciers spéciaux pour l'automobile et l'industrie pétrolière, que l’on a connue florissante et prospère est en souffrance : 1900 salariés sont concernés. Une dette estimée à 360 millions d'euros qu'elle ne parvient plus à rembourser… et des fournisseurs de ferrailles, créanciers chirographaires… qui ont livré pour 4 millions d’euros, tout de même, et qui ne sont pas réglés… Il y a de quoi grincer… Dans la mesure où juridiquement aucune solution ne s'offre aux entrepreneurs lésés, c'est à l'État qu'ils ont demandé des comptes. Dans ce contexte, huit chefs d’entreprise (qui emploient environ 400 collaborateurs) et une partie de leurs salariés ont osé un pari courageux : bloquer les accès au site sidérurgique Ascométal de Fos-sur-Mer, à l’aide de camions, afin de se faire entendre.
Des explications, ces dirigeants n’en manquent pas : ils rappellent bien volontiers, que les liens sont anciens, pour ne pas dire historiques : quand on fournit une usine depuis 40 ans ou presque, on ne coupe pas les robinets au premier pépin. La relation humaine et commerciale prévaut. On comprend le message lancé par Ascométal…
Le porte parole du groupe constitué par ces recycleurs indépendants, Jean-Louis Muscinesi, directeur général d'une entreprise de recyclage de ferrailles, basée à Vitrolles indique notamment que « la direction d’Ascométal nous a demandé de ne surtout pas arrêter les livraisons, pour ne pas mettre en péril l'outil de travail ; elle nous a garanti, aussi, que l'on serait payé »…
Sauf que le placement du groupe sidérurgique en redressement judiciaire début mars change radicalement la donne. « Nos factures des mois de janvier et février ne nous ont pas été réglées. Ce qui représente des sommes importantes pour chacune de nos PME, plusieurs centaines de milliers d'euros, et par conséquent une mise en péril de nos entreprises et de nos salariés ».
Etre dans l'embarras pour avoir rendu service, c'est vrai qu'il faut avoir des nerfs d'acier pour supporter! « Nos entreprises se retrouvent en difficulté pour avoir contribué à la survie de cette usine, on a donc demandé au gouvernement de faire un geste, d'avancer des propositions concrètes pour récupérer quelque chose»...
C'est chose faite : Jean-Louis Muscinesi, que nous avons eu en ligne, nous confirme que les entreprises ont fait valoir la clause de réserve de propriété (le commissire priseur devra faire un état des stocks et mettre celui-ci à jour) et que les bénéficiaires de cette clause seront partiellement réglés par l'administrateur judiciaire, ce qui allègera d'autant leurs créances sur Ascométal. De plus, notre interlocuteur indique qu'il a reçu l'assurance que ce règlement interviendrait rapidement...